Raymond Fau est un auteur compositeur – interprète français contemporain (né en 1936 à Graulhet dans le Tarn). Il découvre le scoutisme à 17 ans et est animateur national des Scouts de France. Sa découverte de l’Afrique à 18 ans est déterminante. Grand voyageur, il met les pieds dans tous les pays francophones. Il axe sa vie autour de deux pôles majeurs. Pendant 30 ans (de 1970 à 1990), il compose des prières chantées et des chansons qu’il interprète au cours d’innombrables veillées. Au cours de celles-ci, il partage sa « prière sur le monde ». Pour lui, le chant ramasse tout de nos existences. Il exprime la vie des hommes. En 1996, il cesse les veillées et poursuit ses voyages. Son autre passion est la photographie. Ses photos illustrent deux ouvrages de Jean Debruynne : Les Voyageurs de Dieu (1987) et Rencontres et Regards (1996). Il expose à Graulhet en 2016.

Un envoi de joie

Ce chant est étonnant par son double rythme : le refrain, joyeux, enlevé, presque dansant. Alors que les couplets sont plus lents. En regardant de plus près le texte, les paroles du refrain sont un envoi. Nous y trouvons une sorte de dynamique. C’est bien le sens de l’envoi : nous pousser hors des murs de nos temples pour aller témoigner de la Bonne Nouvelle. De plus, il affirme que Dieu est dans le monde, que c’est là que nous le rencontrerons. Chaque couplet apporte une conviction. Être un témoin de l’Évangile, c’est associer pauvreté et partage ; la spiritualité intérieure et la certitude de ne pas être seul, accompagné par le Dieu fidèle du refrain. Je crois aussi que ce double rythme est lié au double regard de l’auteur. Quand il prend une photo, il nous la restitue dans sa beauté, qui ne doit pas nier les situations parfois difficiles que vivent ces personnes.

L’envoi, ce sont à la fois une dynamique vers l’extérieur et un pas lent pour s’ajuster au monde… J’ai découvert récemment ce chant, classé en chant d’ouverture, comme un chant d’envoi. Nous l’avons chanté comme tel à la fin d’un culte. Mais ce qui me fascinait dans ce chant c’est sa note joyeuse et dynamique qui contraste avec le peu d’enthousiasme que nous avons à la sortie du culte. Certes encore empreints par le message et la liturgie, riches des visages connus croisés, mais si peu d’élan pour devenir témoin de la Bonne Nouvelle.

Alors après la bénédiction, lors d’un culte avec des enfants, je les ai appelés et nous avons fait farandole dans le temple en entraînant les adultes qui voulaient et qui pouvaient… Les visages se sont illuminés, et en sortant du temple, certes vers le repas de paroisse, un souffle de joie s’est ébauché… joyeuse nouvelle : Allez par les chemins danser mon évangile, allez, grands et petits partager votre joie…