La génération des boomers s’est nourrie de rêves et d’espoirs. L’émancipation des peuples par la décolonisation, la fin de la guerre froide, l’Europe, la croissance économique, les découvertes de la science, l’innovation technologique, la pacification par les casques bleus, la régulation du commerce international par le très sophistiqué Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce, etc.

Chacune de ces sources d’espoir d’un mouvement de l’humanité vers le meilleur se transforme aujourd’hui en désillusion. Dans les régimes autoritaires comme dans beaucoup de démocraties, les dirigeants tiennent à leurs peuples un discours manichéen de propagande, bien loin de la pédagogie des réalités dans laquelle excellaient les grands leaders de l’après-guerre comme de Gaulle ou Reagan. Avec les propos du nouveau leader de la plus grande puissance économique et militaire, on en a une caricature invraisemblable et désespérante.

Dans ce contexte, comment les boomers peuvent-ils transmettre à leurs petits-enfants une indispensable foi dans l’avenir ? Certainement pas en leur tenant un discours simpliste désignant des coupables uniques, comme les partis des extrêmes, les puissances de l’argent, les inégalités, ou reprenant les thèses complotistes. Peut-être en leur montrant sans relâche que chacun peut apporter une dose quotidienne d’humanité autour de lui. Que la recherche de la notoriété quantitative sur les réseaux sociaux est vide de sens, tandis que les grandes voix littéraires ou philosophiques de l’humanité restent des guides indispensables de la pensée. Mais aussi qu’ils peuvent franchir les portes d’une église ou d’un temple, où ils trouveront peut-être une foi, et sûrement une communauté qui a fait de la bienveillance et de l’amour désintéressé sa plus belle espérance.

Xavier Moreno, dirigeant d’entreprise, pour « L’œil de Réforme »

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