Lors du premier Dîner des protestants, Emmanuel Macron avait répondu, à la question sur ce qui, après quatre années de présidence, avait changé dans la perception de son rôle, par cette phrase étonnante et profonde : « ramené à l’essentiel, mon rôle est d’écrire chaque jour ce petit morceau du récit national qui donne aux Français l’envie de vivre ensemble ». N’est-ce pas aussi le défi que relèvent les pasteurs à chaque culte, qui est de commenter ce petit morceau du récit biblique qui va donner aux paroissiens l’envie de vivre un peu plus selon la parole du Christ ? 

Tous les chefs d’entreprise savent l’importance de définir une « raison d’être », sorte de but collectif de l’entreprise que chaque salarié peut partager et qui donne un sens à son travail. À l’échelle d’un pays comme la France, ce n’est pas gagné. Les jeux olympiques ont pourtant montré que le bien-être collectif pouvait naître de l’apaisement des tensions grâce à une mobilisation quasi générale des esprits vers une ambition commune : réussir « nos » jeux et encourager nos athlètes. Imagine-t-on un candidat aux prochaines élections présidentielles mobiliser une majorité d’électeurs pour « redonner sa grandeur à la France », comme l’a réussi dans son pays l’homme aux casquettes rouges MAGA ? Pas nécessairement pour le meilleur ! 

Au lieu de recueillir des milliers d’avis de nos concitoyens sur ce qui ne va pas, il eût été plus utile de les consulter pour savoir quelle ambition collective pourrait les motiver pour faire passer la défense de l’intérêt supérieur de la France avant celle de leurs intérêts personnels. Réunir tous les Français autour d’une grande ambition collective faciliterait l’ascension de l’Himalaya des difficultés qui nous attendent.

Xavier Moreno, dirigeant d’entreprise, pour « L’œil de Réforme »

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