Si les funérailles ne sont pas toujours quantitativement une part importante du travail pastoral, l’accompagnement des familles endeuillées demande un grand investissement. C’est pourquoi il doit être réfléchi en amont et commencer par une réflexion plus générale sur la mort, largement occultée dans notre société contemporaine. Dans cet article, l’auteure réfléchit d’abord au deuil, puis aux particularités de l’accompagnement des familles en deuil.
Combien de funérailles célébrez-vous chaque année ? Selon les régions et les communautés, les réponses des pasteurs seront très variées : trois pour l’un, cinquante pour l’autre. Derrière cette diversité de fréquence, un point commun cependant : la mission auprès des personnes en deuil ne laisse aucun pasteur indifférent. Accompagner la douleur des endeuillés les plonge dans une nécessaire authenticité relationnelle qui devra tenir ensemble la compassion et l’espérance.
Les rituels funéraires n’étant pas très recherchés dans le milieu évangélique, on pourrait penser que la tâche pastorale se limite à un court service funèbre épuré de tout paganisme. Pourtant la sobriété de forme n’enlève rien à l’importance de la célébration qui sera vécue. Les affects de la famille endeuillée sont si sensibles que ce temps communautaire d’adieu sera le lieu d’un témoignage de foi décisif dont elle gardera la mémoire longtemps.
Mais surtout, en tant que pasteur, se former à l’accompagnement des familles en deuil, ouvre un champ de travail bien plus vaste que celui de la stricte préparation des enterrements. Il s’agit d’oser entrer en compagnonnage de la souffrance face à la mort. Au creux de cette épreuve s’ouvre un chemin de réflexion en profondeur. Il vient interroger le sens de la vie pour chacun et la place de sa foi, mais aussi les relations familiales, avec leur complexité. La brutalité de la mort sert de révélateur à ce que parfois la vie quotidienne vient masquer. Mis à nu devant la mort et sa violence, face à l’absurdité, face à sa propre finitude, l’humain se sent petit et cherche avidement un soutien. La fragilité de la personne endeuillée peut lui donner une soif spirituelle ou à l’inverse la positionner dans […]