L’affaire Bétharram, du nom de l’établissement catholique contre lequel plus de 200 plaintes ont été déposées pour des faits de violences physiques et sexuelles, a permis de libérer la parole d’élèves d’autres établissements. Ainsi, depuis la révélation du scandale de ce collège-lycée des Pyrénées-Atlantiques, deux à trois collectifs d’anciens élèves se créent chaque semaine dans des établissements privés sous contrat avec l’État pour dénoncer des faits de maltraitances scolaires, rapporte franceinfo. L’entourage de la ministre de l’Éducation, Elisabeth Borne, constate que : « c’est monstrueux, ça émerge d’un peu partout ». L’affaire Bétharram a émergé après la création d’un groupe Facebook par d’anciens élèves qui expliquaient ce qu’ils avaient vécu. Une enquête judiciaire est en cours, tandis qu’une commission parlementaire a été créée pour examiner les défaillances du contrôle étatique des établissements privés.

Ainsi, 14 anciens pensionnaires de l’établissement Sainte-Croix-des-Neiges, située en Haute-Savoie, ont dit avoir été victimes d’agressions sexuelles par le personnel de l’établissement. Elles ont pris la parole par l’intermédiaire d’un groupe sur Facebook, indique RTL. De même, des plaintes ont été déposées contre l’établissement catholique Notre-Dame de Garaison, dans les Pyrénées-Atlantiques. L’une porte sur des faits de violence aggravée, commis en 2017 par un surveillant, détaille Le Figaro. Le 26 mars, des représentants d’un collectif de victimes de cette école avaient déposé au tribunal judiciaire de Tarbes des dizaines de témoignages, 36 plus précisément, faisant état de violences physiques, sexuelles et psychologiques.

Deux agressions sexuelles signalées à Bétharram en 2024

Le rectorat de Bordeaux, qui a mené en mars 2025 une inspection dans l’établissement du Beau Rameau, nouveau nom de Notre-Dame de Bétharram, a publié son rapport jeudi 10 avril. Il a indiqué que plusieurs manquements devaient « être corrigés au plus vite », rapporte Sud-Ouest. À la suite de cette publication, la ministre de l’Éducation a annoncé le lancement d’une enquête administrative plus poussée à destination de l’établissement. Selon le rapport du rectorat de Bordeaux, concernant la protection de l’enfance, « le suivi des situations est réel, mais il n’est ni formalisé, ni communiqué » auprès « des personnels et des institutions » dans les situations de violences ou d’agressions. Ainsi, deux situations d’agressions sexuelles survenues en 2024 ont fait l’objet d’enquête et ont « été traitées sur le plan judiciaire ». Toutefois, elles n’ont pas donné lieu à des signalements auprès du procureur ni auprès des services départementaux de l’Éducation nationale.

La commission d’inspection a recommandé de « vérifier au plus vite l’honorabilité de tous les personnels employés par l’OGEC » (Organisme de gestion de l’enseignement catholique) qui est en charge du fonctionnement économique des établissements scolaires. Le rapport a pointé des « remarques blessantes et humiliantes », des « moqueries en public ». Ces faits ont été « répétés et réguliers » de la part de deux enseignants et ont visé « tout particulièrement les élèves en difficulté scolaire ». Des problèmes ont aussi été signalés concernant l’internat. Selon le rapport, le surveillant ne « connaît pas la procédure de signalement ‘enfance en danger' » et est « peu formé et informé, ne dispose que très partiellement des connaissances et des compétences attendues ». Les élèves sont parfois interdits d’aller aux toilettes et les règles pour y accéder semblent « contraignantes, voire discriminatoires ». Enfin, un nombre élevé de punitions scolaires et de sanctions disciplinaires a été relevé.

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