Mardi 4 mars, la congrégation religieuse des prêtres du Sacré-Cœur de Jésus de Bétharram, qui a dirigé pendant plusieurs années l’établissement du même nom, a reconnu sa « responsabilité » dans l’affaire pour laquelle elle est visée. Pour rappel, plus de 150 plaintes pour violences physiques, agressions sexuelles et viols ont été déposées contre d’anciens religieux et personnels laïcs de ce collège-lycée situé non loin de Pau. La congrégation a ainsi annoncé qu’elle allait lancer une commission d’enquête indépendante « pendant au moins six mois » pour comprendre les « causes » de ces « abus massifs » rapporte Le Monde. Les membres de cette commission, qui devra recueillir la parole des victimes dans différents pays où la congrégation a des établissements, n’ont pas encore été désignés.

Dans une interview, le prêtre Laurent Bacho, 75 ans et ancien vicaire régional des bétharramites, a confié qu’il prenait la parole au nom de la congrégation pour « dire que nous sommes toujours très affectés par ce qui s’est passé ». Il a reconnu qu’il avait « fallu du temps » pour « aboutir à une position commune irrévocable ». L’homme, qui est responsable de la cellule d’écoute au sein de la congrégation, a rencontré huit victimes et a dit qu’il n’avait pas remis en cause leur parole. Cependant, il a indiqué que des personnes accusées étaient pour lui « des frères ». « Je fais partie de ce corps. Sans être coupable, je suis responsable », a-t-il expliqué. En mai 2024, la congrégation a fait appel à l’Institut francophone pour la justice et la démocratie (IFJD) afin de les accompagner pour écouter les victimes. Un forum sur les violences sexuelles auquel participera Notre-Dame de Bétharram sera organisé le 15 mars par l’IFJD.

L’affaire Bétharram éclabousse François Bayrou

La congrégation a déjà indemnisé 19 victimes de violences sexuelles prescrites perpétrées par des religieux, reconnues par la Commission reconnaissance et réparation (CRR) mise en place par l’Église depuis 2021. Ces victimes ont reçu 700 000 euros, ce qui représente 60% des finances de l’établissement. Un nouveau fonds d’indemnisation pour les victimes de violences sexuelles prescrites commises par des laïcs va ainsi être créé. Il sera financé par la vente de biens immobiliers appartenant à la congrégation sur la commune de Lestelle-Bétharram, a précisé L’Express.

Par ailleurs, deux signalements à la Cour de justice de la République (CJR) concernant l’inaction de François Bayrou lorsqu’il était ministre de l’Éducation nationale ont été classés sans suite lundi 3 mars, indique Le Figaro. « Aucune infraction relevant de la compétence de la Cour de justice de la République ne paraît susceptible d’être caractérisée à l’encontre de Monsieur François Bayrou, en sa qualité d’ancien ministre de l’Éducation nationale entre le 30 mars 1993 et le 2 juin 1997 », a écrit la CJR dans un communiqué. Toutefois, une procédure pourrait être ouverte si d’autres éléments plus étayés étaient apportés à la CJR. Cette décision n’a pas d’incidence sur la plainte déposée mi-février pour « entrave à la justice » et « recel de crime » contre le Premier ministre. Plusieurs témoins accusent l’ancien ministre de l’Éducation d’avoir été au courant des accusations de violences sexuelles à Bétharram. Plusieurs des enfants de l’homme politique ont par ailleurs été scolarisés dans cet établissement.

Une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Pau en février 2024 après le dépôt d’une vingtaine de plaintes d’anciens élèves de Bétharram. Un ancien surveillant a été mis en examen pour viol et placé en détention provisoire. Au total, le collectif de victimes a recensé 152 plaintes, dont près de 70 relatives à des faits d’ordre sexuel, souvent prescrits.