Un texte a été examiné à l’Assemblée nationale, mardi 6 mai, pour renforcer les dispositifs de prévention et de signalement des actes antisémites à l’université. L’examen du texte s’est arrêté au premier article dans une ambiance houleuse. Le premier article du texte, qui avait été adopté à l’unanimité au Sénat, a pu être voté. Il prévoit d’inscrire la sensibilisation à la lutte contre l’antisémitisme et le racisme parmi les missions de formation des établissements. La discussion doit se poursuivre mercredi 7 mai après-midi. Le texte veut renforcer les dispositifs de prévention et de signalement, en rendant obligatoire au sein de chaque établissement des « référents » pour la lutte contre le racisme et l’antisémitisme, a indiqué Le Monde. Les discussions ont été tendues, notamment avec la France insoumise (LFI), seul groupe à avoir voté contre le premier article pour le réécrire en utilisant la définition des discriminations du code pénal. Les insoumis ont été accusés de vouloir « invisibiliser » l’antisémitisme par des députés de droite, d’extrême droite et des macronistes.

L’article 3 du texte, qui sera examiné mercredi, entend créer une « section disciplinaire commune » aux établissements d’une même région académique. Selon un sondage de l’Union des étudiants juifs de France publié en septembre 2023, 90% des étudiants juifs estiment que la haine d’Israël est répandue dans les universités et grandes écoles en France et neuf étudiants sur dix disent avoir été victimes de remarques antisémites.

Un signalement obligatoire des actes antisémites

Le texte veut instaurer une formation obligatoire aux enjeux d’antisémitisme et de racisme pour les enseignants et personnels d’éducation, mais veut aussi créer une mission « Égalité et diversité » dans chaque établissement, rapporte LCP. La proposition de loi prévoit également une obligation de signalement des actes antisémites pour les présidents d’établissement et l’ensemble des personnels.

Cependant, l’examen du texte a été perturbé par des discussions houleuses entre députés. Christophe Marion (Ensemble pour la République) a visé le Rassemblement national en demandant d’être « attentif à ce que la lutte contre l’antisémitisme ne devienne pas un mantra électoral, ou tout au moins, un gage de moralité politique qui effacerait les accointances passées ». Plusieurs députés de droite ont aussi dénoncé l’influence de « l’antisionisme » dans la hausse des actes antisémites. Le député RN Roger Chudeau a affirmé que « l’extrême gauche de l’hémicycle est ouvertement antisémite dans la sinistre tradition de Jacques Doriot et Marcel Déat ». Julien Odoul, député RN de l’Yonne, a estimé que « Sciences Po Paris est devenu Sciences Po Hamas », ce qui a fait répondre à Louis Boyard, député NFP, que le RN avait « découvert la lutte contre l’antisémitisme le 7 octobre ».