Tout un symbole : sur les murs, des mots autrefois interdits, dans la cafétéria, des peintures traditionnelles et sur la pelouse, des tipis. Dans cet ancien pensionnat, synonyme des mauvais traitements réservés pendant des décennies aux peuples autochtones du Canada, des étudiants se réapproprient leurs langues. “On m’a élevée en me disant qu’on n’était pas égaux, qu’on était inférieurs aux autres et j’ai cru ça presque toute ma vie”, confie Veronica Fraser, autochtone de 60 ans, la voix étranglée par un sanglot.

“Donc je suis venue ici pour retrouver ma fierté” et “pour guérir et apprendre”, poursuit-elle. Arrivée sans aucune connaissance de la langue crie, cette autochtone est bouleversée de pouvoir aujourd’hui réintroduire cette langue dans sa famille, avec ses enfants et petits-enfants.  Dans ce pensionnat, bâtisse de briques dans l’Ouest canadien à 200 km au nord-est d’Edmonton (Alberta), il a longtemps été interdit de parler une langue autochtone.

“Tuer l’Indien dans le cœur de l’enfant”

Des milliers d’enfants autochtones arrachés à leurs familles y ont vécu coupés de leur culture et de leurs racines. L’objectif énoncé était de […]