« Nous parlons beaucoup », reconnaît Aurélie, en parlant de sa relation avec un dirigeant national clé au Burundi. « Il n’est pas rare qu’Innocent et moi passions trois heures dans son bureau à parler, parler et prier, sans nous rendre compte du nombre d’heures qui se sont écoulées ! » Aurélie est soutenue par la Mission Mennonite de France. Elle est conseillère pédagogique à l’école Karubabi Harvest School à Muramvya, au Burundi, une école chrétienne qui offre une éducation de qualité qui inclut les pygmées Batwa, une minorité ethnique marginalisée considérée comme les intouchables de la société burundaise.
« Lorsque je suis arrivée au Burundi, raconte Aurélie, Innocent était le directeur adjoint de l’école. J’ai vécu avec Innocent, sa femme Claudine et ses trois sœurs. Nous nous sommes très bien connus ! En fait, trois semaines seulement avant que je vienne vivre avec eux, il y a eu une situation d’urgence dans la famille lorsque Claudine a accouché prématurément de leur premier enfant. La mère et la fille Mia ont dû être isolées dans une chambre pour protéger la santé fragile du bébé. Pendant trois mois, j’ai partagé leur vie », raconte Aurélie. « Ce fut une saison intense, riche en découvertes » Certaines de ces découvertes la ravirent. En grande partie grâce à l’implication d’Innocent, l’école avait acquis une réputation d’excellence éducative. Des parents non-Batwa ont commencé à demander l’inscription de leurs enfants, et des amitiés se sont nouées dans la communauté locale entre la majorité burundaise et les Batwa. Pour la première fois, les enfants des deux groupes jouaient ensemble, allaient à l’école ensemble et apprenaient ensemble l’amour de Jésus pour tous les enfants.
« Il n’y a pas de routes là où vivent les élèves batwa »
Même si cette vision correspondait aux valeurs d’Aurélie, il n’a pas été facile pour elle de s’adapter à son nouvel environnement et à son nouveau rôle. « Quand Aurélie a commencé à enseigner avec nous », raconte Innocent, « j’ai pu voir combien elle avait besoin d’apprendre et d’accepter notre culture burundaise, nos codes sociaux et même notre système éducatif. J’étais très conscient des forces et des faiblesses de ma propre culture, et j’ai donc essayé de l’aider à comprendre ». « Innocent m’a aidée à prendre conscience de mes préjugés », reconnaît Aurélie. « Par exemple, je critiquais les professeurs, pensant qu’ils ne faisaient que le strict minimum dans leurs classes. Que Dieu me pardonne ma rapidité à juger ! Il y avait tant de […]