Il y a huit mois, c’était le Mali. C’est désormais au tour du Burkina Faso. Samedi 3 décembre, indique Le Monde, les autorités burkinabè ont ordonné “la suspension immédiate et jusqu’à nouvel ordre” de Radio France internationale (RFI). Elles reprochent au média français le relais d’un “message d’intimidation” attribué à un “chef terroriste”, dixit le porte-parole du gouvernement. 

En effet, la junte au pouvoir accuse la radio publique française de contribuer à “une manœuvre désespérée des groupes terroristes en vue de dissuader les milliers de Burkinabés mobilisés pour la défense de la patrie”. La semaine passée, le Groupe de soutien de l’islam et des musulmans (GSIM, affilié à Al-Qaida) avait diffusé une vidéo dans laquelle l’un de ses chefs au Burkina Faso menaçait de s’attaquer à des villages. Des villages défendus par des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), supplétifs civils de l’armée, recrutées au nombre de 90 000 en trois semaines pour tenter d’endiguer les attaques djihadistes. 

“Liberté de la presse”

De son côté, la Société des journalistes (SDJ) de RFI condamne cette suspension de son antenne au Burkina Faso, pays qui a vu sur son sol deux coups d’État militaires en huit mois et en proie depuis 2015 à la violence djihadiste. Elle déplore une décision qui se base sur “la supposée diffusion de fausses informations et des manquements graves” et “une lecture erronée du travail de nos journalistes”. “Les priorités de RFI sont, et ont toujours été, la pluralité des points de vue et des personnes à qui elle donne la parole, de même qu’un travail de terrain fidèle, scrupuleux, et un attachement sans faille à la liberté d’informer”, précise un communiqué de la SDJ de RFI publié dimanche 4 décembre. 

Lundi 5 décembre, Paris a réagi à cette suspension. “La France déplore la décision prise par les autorités burkinabè de transition de suspendre la diffusion de RFI”, a précisé le ministère des Affaires étrangères, cité par 20 minutes. Et de réaffirmer “son engagement constant et déterminé en faveur de la liberté de la presse, de la liberté d’expression et de la protection des journalistes et de tous ceux dont l’expression concourt à une information libre et plurielle et au débat public, partout dans le monde”.