Marine Le Pen vient d’être condamnée lourdement à une peine de prison et à une peine d’inéligibilité, cette dernière étant d’application immédiate. Elle a été condamnée parce qu’elle a été reconnue coupable de faits graves, de détournement de fonds publics européens pour alimenter son parti.
Elle a été condamnée selon la loi votée par le Parlement, dont elle réclamait pour les autres une application plus stricte, demandant même sur Public Sénat, à l’occasion de l’affaire Cahuzac, « l’inéligibilité à vie pour tous ceux qui ont été condamnés pour des faits commis à l’occasion de leur mandat ». Manifestement, elle est beaucoup plus indulgente pour elle-même, et crie au scandale, à la dictature des juges. Comme tout justiciable, elle a évidemment le droit de faire appel, et apparemment la Cour d’appel va se réunir exceptionnellement rapidement pour se prononcer sur son cas.
Mais organiser des manifestations pour contester une décision de justice, injurier et menacer des juges qui ont rendu une décision motivée contraire à ses intérêts politiques, me paraît très dangereux pour la démocratie. Cette réaction révèle la véritable nature de ce parti politique, et il faut se méfier de tous ceux qui en appellent au « peuple » contre les institutions, comme Mélenchon prétendant être la République, ou Trump lançant ses troupes à l’assaut du Capitole. Les deux ont d’ailleurs soutenu madame Le Pen.
Les protestants, attachés aux valeurs de la République, respectueux de la loi qui les protège de l’arbitraire, ne peuvent être dupes : c’est sous l’Ancien Régime que la loi était différente « suivant que vous serez puissant ou misérable ».
Charles-Henri Malécot, chef d’entreprise, pour « L’œil de Réforme »