Le 4 février dernier, Joe Biden commettait une erreur gênante. Lors d’un discours à Las Vegas, le chef d’État américain confondait Emmanuel Macron et François Mitterrand. Pour ne rien gâcher, le temps d’une seconde il a qualifié ce dernier de président de l’Allemagne, avant de se raviser. Une confusion qui n’est pas unique puisque celui qui est candidat à un nouveau mandat a également mélangé Angela Merkel et Helmut Kohl, sans oublier le président du Mexique avec celui de l’Égypte. Alors que les commentaires à propos de la santé de Joe Biden vont bon train, Le Parisien a demandé à Philippe Amouyel de se pencher sur le cas du président américain. L’avis du professeur de neurologie au CHU de Lille (Nord) et directeur de la Fondation Alzheimer est formel : “Un patient souffrant d’un début d’Alzheimer ne tiendrait pas une heure avec son agenda.”
Le spécialiste rappelle que “l’Américain moyen ne sait même pas où est la France. Joe Biden n’est pas un Américain moyen, mais il voit un nombre incalculable de personnes par jour, gère simultanément une crise migratoire, la guerre en Ukraine, à Gaza…” Un emploi du temps qui lui fait dire que le chef d’État ne doit pas dormir beaucoup. “Il pilote le pays le plus puissant au monde, c’est stressant, et le stress génère des troubles de la mémoire”, ajoute-t-il.
Trump n’a que quatre ans de moins
Pour le médecin, il est tout à fait normal qu’une personne âgée de 81 ans rencontre des troubles de l’équilibre et de la mémoire. “On a des affaiblissements, des pannes partout… Ça arrive. À l’inverse, sur le plan intellectuel, la fonction [de président] le maintient en forme. Nous avons un cerveau social, donc les rencontres et l’activité font partie des meilleurs stimulants cérébraux”, souligne Philippe Amouyel. Pour appuyer son propos, le directeur de la Fondation Alzheimer rappelle l’impact qu’a eu l’isolement des personnes âgées pendant la crise sanitaire de la Covid-19.
Pour mémoire, Donald Trump, également candidat à un second mandat à la Maison Blanche n’a que quatre ans de moins que son successeur. Et comme l’explique le neurologue au Parisien, “on peut avoir des raisonnements logiques avec des fonctions mémorielles troublées. La fonction cognitive ne se limite pas à la mémoire.” Selon lui, une personne qui parle beaucoup dispose d’une bonne santé cérébrale. “Mais lorsque ces troubles gênent dans la vie quotidienne, socialement, il faut consulter pour savoir s’il s’agit de simples oublis ou si c’est lié à une maladie neurodégénérative”, encourage-t-il. Le médecin insiste également sur le fait qu’il faut être attentif à l’évolution de la situation. “Lorsque le trouble de la mémoire ne fait que s’aggraver avec le temps, on peut se poser la question d’Alzheimer”, illustre le spécialiste.