Il a finalement accepté de démissionner le dimanche 2 octobre. Le chef de la junte au pouvoir au Burkina Faso, Paul-Henri Damiba, a déclaré dans une vidéo, transmise à RFI puis diffusée sur le réseau social Facebook : “Devant les risques de division au sein de notre armée et considérant l’intérêt supérieur du Burkina Faso, j’ai renoncé à compter de ce jour, 2 octobre, à ma fonction de chef de l’État, de président de la transition.” Une admission qui intervient après deux jours de tensions dans le pays. Vendredi soir, après plusieurs heures de mutinerie, des militaires ont annoncé à la télévision publique dissoudre les institutions et destituer le colonel Damiba. Ce dernier s’est envolé, le dimanche 2 octobre, de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, pour se réfugier à Lomé au Togo, précise Le Monde.
Les auteurs du putsch, emmenés par le capitaine Ibrahim Traoré, justifient cette prise de pouvoir par la force en invoquant “une dégradation continue de la situation sécuritaire”. Pour rappel, en janvier dernier, le colonel Damiba avait pris le pouvoir par un coup d’État : il adressait les mêmes reproches au président renversé Roch Kaboré. Malgré tout, depuis le coup d’État de Paul-Henri Damiba, “la violence djihadiste se poursuit quotidiennement”, constatent des analystes de l’ONG de prévention des conflits International Crisis Group dans un article paru en septembre. D’après la Cédéao, une organisation intergouvernementale ouest-africaine, 40 % du territoire était “hors du contrôle de l’État” en juin dernier.
Sentiment anti-français
Pour Cheickna Yaranangoré, chercheur en sciences politiques à l’université de Ouagadougou, interrogé par Le Monde, “ce coup a révélé une certaine fracture au sein de l’armée entre une hiérarchie militaire qui n’est pas au front et a continué à s’embourgeoiser et des soldats qui, sur le terrain, ont eu le sentiment d’avoir été abandonnés”. Et d’ajouter : “L’une des plus grandes erreurs de Damiba a été de se préoccuper davantage des questions politiciennes que des problèmes d’insécurité.”
Parallèlement ce week-end, des manifestations pro-putschistes ont éclaté. Des manifestants s’en sont pris à des établissements français, incluant l’ambassade à Ouagadougou. Les manifestants soupçonnaient la France de protéger le colonel Damiba, une information démentie par le ministère français des Affaires étrangères. Comment expliquer ce sentiment anti-français dans le pays, et plus généralement au Sahel ? D’abord, il y a l’échec de l’opération française Barkhane qui n’est pas parvenue à éradiquer le terrorisme dans la région. D’après certains spécialistes, ce sentiment est aussi alimenté par une propagande pro-russe. D’ailleurs, des manifestants pro-putschistes brandissaient le drapeau russe.