Ça y est « l’Argentine a gagné » ! Curieuse expression que nous employons pour associer tout un pays, tout un peuple, à quelques hommes qui ont remporté un match. Mais il est vrai qu’une victoire d’une équipe est un moment de communion. Je me souviens de l’été 1998 où, au mois d’août, cinq semaines après la victoire, cette fois-là de l’équipe de France, le 12 juillet, je croisais des familles sur des chemins estivaux en Corse et tout le monde chantait le même refrain et où nous avions l’impression (l’illusion ?) d’être presque des amis. Nous avions même ce nouveau slogan pour la France : « Black, Blanc, Beur ! ». Militant de la première heure de cette vision de la France, je dus me rendre compte que cette communion fut une vraie communion, dans le sens d’une émotion partagée forte, voire historique. Mais elle fut éphémère. Le racisme n’a pas diminué, l’extrême droite n’a pas cessé de monter.
C’est peut-être là que tout se joue, entre l’émotion et la construction : une victoire en football est une liesse pour tout un pays. Et cela est réjouissant ! Pour les Français, cette fois-ci, ce sera dans une forme de tristesse. Mais pour le peuple argentin, marqué par une situation économique dramatique, ce sera une oasis dans leur désert. Comment effectivement ne pas être heureux de cette jubilation collective d’un pays tout entier ? C’est assez rare… Donc laissons les argentins jubiler ensemble ! Mais en même temps nous devons nous poser deux questions : que célèbre-t-on ? Et quelle est la nature de cette communion ?
Que célèbre-t-on ?
Ce sont 22 joueurs qui s’affrontent (en rajoutant les remplaçants) sur un terrain et on se donne l’impression que tout un pays a battu tout un autre pays. Pour parodier la célèbre phrase de […]