En France, le débat sur l’uniforme s’invite régulièrement, sans qu’une mesure politique soit prise pour autant. Cette fois, l’uniforme pourrait bien être expérimenté dans les prochains mois, comme l’a annoncé Gabriel Attal, lundi 4 septembre, sur RTL.
Le ministre de l’Éducation nationale n’y voit pas « une solution miracle qui permet de régler tous les problèmes de l’école », mais il affirme rencontrer de nombreux enseignants, élus et familles favorables à cette mesure. L’Éducation nationale invite donc les élus qui souhaitent faire participer leurs établissements à se signaler. Les modalités de l’expérimentation seront annoncées à l’automne.
Pour certains syndicats d’enseignants, cette annonce « détourne l’attention, mais (…) ne règle pas les problèmes » d’inégalité sociale à l’école, comme le reproche Guislaine David, porte-parole du syndicat d’enseignants SNUipp-FSU, au micro de franceinfo. Certains élus souhaitent pourtant déjà faire revenir l’uniforme, comme le président du département des Alpes-Maritimes, Charles-Ange Ginésy, qui se montre favorable à une expérimentation dans les collèges.
L’uniforme sous Napoléon
Contrairement aux idées reçues, l’uniforme n’est pas une longue tradition en France. Il est porté au XIXe siècle dans les institutions privées, plutôt par des élèves masculins et sur une période assez réduite, comme l’explique France Culture. C’est en Angleterre que la tenue prend vraiment son essor dans les écoles, notamment les milieux les plus pauvres.
En France, Napoléon instaure cette tenue dans les établissements en 1802, lorsqu’il réforme le système éducatif et établit les lycées impériaux. La discipline dans ces établissements est alors sévère, proche du cadre militaire, et l’uniforme rappelle la tenue des soldats. C’est aussi une manière de montrer la soumission des élèves à l’autorité établie.
Interviewée par France Culture, l’anthropologue du design Aude le Guennec constate que l’uniforme à l’école française relève plutôt du mythe dans notre histoire collective. En étudiant les archives, les photos et les représentations des enfants au début du XXe siècle, on constate qu’il n’y a pas de blouse uniforme. La tenue quasi militaire, instaurée par Napoléon, disparaît dès les années 1920.
Une image stéréotypée
Et si les vêtements des enfants sont très semblables, la blouse prend des formes variées, de la matière à l’imprimé en passant par le tissu. Ce sont les archives en noir et blanc qui nous empêchent de saisir la variété de ces blouses : elles auraient ainsi contribué à façonner une image stéréotypée de l’écolier d’antan.
Sur TF1, l’historien de l’éducation Claude Lelièvre indique que l’uniforme n’a « jamais été imposé dans les écoles communales publiques, ni nationalement ni localement (…) Il a pu en revanche être imposé dans certains établissements secondaires, poursuit-il, sous la forme d’uniformes ou de blouses-uniformes, mais il s’agissait de décisions inscrites dans le règlement intérieur ».
Les élèves français ont pourtant, à leur manière, adopté une sorte d’uniforme, comme l’explique l’anthropologue Aude le Guennec. Le sac à dos Eastpak, les joggings et certaines marques de baskets envahissent aujourd’hui les cours des collèges et lycées. Les ados se reconnaissent alors les uns les autres, et forment des liens par leur look.