Où que l’on travaille, force est de reconnaître que les sources de distractions – subies ou choisies – sont de plus en plus nombreuses : bruits, sonneries, notifications, allées et venues, interruptions des uns ou des autres ou appels impérieux des sirènes des réseaux sociaux…, difficile de tenir longtemps sans perturbations. Une étude menée auprès de salariés allemands en 2022 montre qu’ils sont dérangés en moyenne toutes les quatre minutes. Parions que les mêmes observations peuvent être étendues aux travailleurs français, qu’ils soient sur leur site de travail ou en télétravail. En 2021, le Huffington Post relatait déjà qu’un Français sur deux était, par exemple, gêné par le bruit au travail. Si la concentration a toujours été au cœur de la productivité, le deep work vient à présent approfondir ce besoin.
Le terme deep work a été popularisé par Cal Newport, professeur au département informatique de l’université de Georgetown, et auteur en 2016 d’un ouvrage éponyme de référence en la matière, dont la traduction est sortie l’année suivante en France sous le titre « Deep work – retrouver la concentration dans un monde de distractions » (éditions Alisio).
Deep quoi ?
Le deep work, que l’on peut qualifier d’hyper-concentration, fait référence à un mode de travail caractérisé par une concentration intense et sans distraction sur une tâche ou un projet spécifique pendant une période de temps prolongée.
Il se caractérise donc par différents aspects :
– une concentration maximale : pendant une séance de deep work, vous vous concentrez de manière intensive sur une tâche complexe, exigeante sur le plan cognitif et qui nécessite toute votre attention ;
– l’absence de distractions : pour réussir dans le deep work, il est essentiel d’éliminer le maximum de distractions, quelles qu’elles soient ;
– une durée prolongée : les sessions de deep work durent généralement de quelques heures à une journée entière – plutôt que quelques minutes par-ci par-là.
Cette manière de travailler exigeante est énergétivore pour notre cerveau, qui aura souvent tendance à se détourner de ses objectifs. C’est pour cette raison qu’il faut créer un cadre idéal pour des sessions de travail en deep work, d’où l’importance du dernier critère ;
– une planification préalable : il est impératif de prévoir à l’avance les périodes de deep work dans votre agenda, pour garantir que vous avez le temps et l’énergie nécessaires pour vous plonger dans votre travail.
Ainsi considéré, le deep work devient un moyen efficace d’accomplir des tâches complexes, d’approfondir sa réflexion autour d’un sujet et de produire des résultats de haute qualité. Il s’oppose au « travail superficiel », où les interruptions constantes, les tâches fragmentées et les distractions constantes nuisent à la productivité et à la qualité du travail.
Comment travailler en mode deep work, en 8 étapes
Environnement, timing et préparation sont les clefs d’une session de deep work performante. Voici comment l’organiser en quelques étapes précises.
1 – Planifiez votre deep work.
Réservez à l’avance dans votre agenda des plages de travail spécifiquement dédiées. Idéalement, ces créneaux devraient être de plusieurs heures, pour permettre une immersion totale (oui, parfois le deep work fait penser à de la plongée en apnée !). De même que vous sélectionnez le temps, identifiez les tâches ou projets sur lesquels vous souhaitez vous concentrer pendant ces sessions.
2 – Choisissez un lieu propice.
Trouvez un endroit tranquille où vous pourrez travailler sans être dérangé. Réservez une salle de réunion, bloquez un espace dans votre co-working habituel, repliez-vous dans votre chambre, allez à la médiathèque… Évitez d’une manière générale les environnements bruyants ou fortement perturbés. En télétravail, vous allez aussi privilégier les temps où les enfants – ou votre conjoint – ne sont pas présents. C’est vraiment difficile de trouver le silence ? Optez pour un casque ou des bouchons d’oreille.
3 – Éliminez les distractions.
Mettez votre téléphone en mode silencieux ou éteignez-le carrément, désactivez les notifications sur votre ordinateur, enlevez votre montre connectée et bloquez l’accès aux sites web et aux applications non liés à votre tâche. Utilisez des outils de blocage de distractions, si nécessaire, comme Freedom, Serene ou Forest.
4 – Préparez votre environnement.
Assurez-vous d’avoir tout ce dont vous avez besoin à portée de main : dossiers, matériel, fournitures de bureau, voire boisson ou collations. Cela vous évitera d’être tenté de vous lever plusieurs fois pour aller chercher ce qui vous manque.
5 – Fixez-vous des objectifs précis.
Avant de commencer, définissez des objectifs spécifiques pour votre session de deep work. Avoir un objectif clair vous aidera à rester concentré et à mesurer votre progression.
6 – Utilisez des techniques de gestion du temps.
Les méthodes de gestion du temps sont vos meilleures alliées, comme la technique Pomodoro, par exemple. Elle consiste à travailler pendant 25 minutes, prendre une courte pause, et enchaîner sur une autre phase de travail de 25 minutes.
7 – Plongez-vous dans la tâche.
Commencez à travailler sur votre tâche principale sans la moindre interruption. Les précautions prises préalablement devraient vous éviter de vérifier constamment vos courriels, messages ou les réseaux sociaux. Restez immergé dans votre travail – uniquement le travail que vous avez planifié.
8 – Prévoyez des pauses régulières.
Il est néanmoins important de prendre des pauses régulières pour recharger votre énergie – et permettre à votre cerveau de faire un reset. Cependant, veillez à ce que ces pauses soient planifiées et limitées dans le temps. Quelques minutes toutes les 90 minutes est un très bon rythme.
Une fois votre session achevée, faites un bilan par vous-même. Evaluez ce que vous avez accompli, le temps que cela vous a pris, les écueils que vous avez rencontrés. Cela vous aidera à mesurer votre productivité et à ajuster votre approche en vue de sessions ultérieures.
Un dernier conseil : soyez patient
Le deep work ne s’apprend pas en un jour et peut s’avérer difficile au début, voire rébarbatif, surtout si vous n’êtes pas habitué à travailler de manière aussi soutenue. Toutefois, cette compétence se « muscle » et apporte de plus en plus de résultats – et une immense satisfaction devant le travail accompli, au fur et à mesure du temps.
Le deep work peut devenir une habitude extrêmement efficace pour améliorer votre productivité, la qualité de votre travail et votre estime de vous. En intégrant ces pratiques dans votre routine de travail, vous pourrez développer votre capacité à vous concentrer profondément sur n’importe quelle tâche et à atteindre vos objectifs de manière plus fluide.