Deux bénévoles mettent les bouchées doubles pour leur apprendre à cuisiner des plats savoureux, sains et à moindre coût. Après les sinistrés des inondations, les mineurs non accompagnés, les exilés bloqués à Vintimille, les enfants haïtiens, les détenus, les réfugiés d’Ukraine… l’entraide de Grasse(1) vole au secours des étudiants.
Lorsqu’Isabelle C., secrétaire d’Aider, entend à la radio que de nombreux étudiants « doivent s’en sortir avec vingt euros par semaine pour se nourrir », elle songe immédiatement à proposer des ateliers cuisine pour leur venir en aide et appelle une de ses amies, cuisinière professionnelle. Isabelle V. a écouté la même émission, pris des notes et eu la même idée !
Les étudiants apprennent à cuisiner bon marché
Très vite, les Isabelle s’organisent, et c’est à Sophia Antipolis – son pôle universitaire accueille plus de cinq mille étudiants – que le premier atelier voit le jour(2) . La MJC(3) de la ville a mis une salle à disposition : un jeudi sur deux, huit étudiants apprennent « à cuisiner des aliments de base bon marché, de façon équilibrée et avec peu d’ustensiles, à diversifier leur alimentation et à trouver des alternatives aux pâtes à la sauce tomate ».
Ici, la cuisine est végétarienne. C’est écologique, économique, plus sûr ; la formule séduit tous les étudiants, quelle que soit leur confession. Le bouddha bol et le bibimpap(4) ont la cote, et les cookies à la poêle font des heureux quand les fours font défaut. Les ateliers créent du lien En théorie, l’atelier dure deux heures. En pratique, les soirées s’éternisent mais personne ne s’en plaint. Les étudiants ont besoin d’être écoutés et de parler.
Les ateliers créent du lien
« Se retrouver dans un endroit chaleureux et pouvoir parler est presque aussi important que la cuisine elle-même », confie Isabelle C. Les apprentis cuistots regagnent leurs pénates le cœur léger et l’estomac plein. Une aubaine pour ceux qui ne bénéficient pas des repas quotidiens à un euro proposés par le Crous – parce qu’ils ne sont pas boursiers – et qui, sans le sou, se couchent tôt pour ne pas avoir à dîner. Chacun repart avec son petit cabas dans lequel se côtoient les recettes de l’atelier et les ingrédients pour les refaire chez soi, une petite liste de bons plans pour se procurer des produits alimentaires à bas prix ou gratuits… et une grande envie de revenir.
1 Église protestante unie de France.
2 Les ateliers cuisine seront bientôt proposés à Grasse également. Ils accueilleront les étudiants du nouveau campus universitaire mais aussi les jeunes travailleurs en situation de précarité aidés par l’association Bras Ouverts. https://associationaider.blog4ever.com/
3 Maison des jeunes et de la culture.
4 Le bouddha bol est un repas complet, simple, nourrissant et sain, assemblé dans un bol ; le bibimpap est un plat complet de riz garni de différents légumes.