Prévues en 2024, les prochaines échéances permettant le renouvellement des Conseils presbytéraux s’avèrent être un casse-tête pour certaines Églises locales. Dans l’élan de 2012 consacrant la Constitution de l’Église, une limite de douze ans de présence consécutive au sein du Conseil presbytéral était fixée pour chaque membre élu. Nombre de Conseils voient arriver l’échéance sans avoir pu la préparer dans de bonnes conditions.
Le choc doit être anticipé
Cette limite de mandats a été instaurée pour permettre un renouvellement des membres des instances locales et favoriser la dynamique communautaire. Il était évident que des mandats successifs permettant une participation durant vingt ou trente ans, parfois plus, risquaient de bloquer les adaptations nécessaires dans les communautés locales et auraient pu freiner les initiatives. Pour ne pas heurter les habitudes et prendre en compte la réalité paroissiale, il a été autorisé que le point de départ du décompte des douze ans se fasse à partir du vote de la Constitution. Comme si les compteurs repartaient à zéro, les membres des Conseils déjà présents devenaient rééligibles jusqu’en… 2024.
C’est dans deux ans. Et si certaines communautés ont veillé à remplacer leurs conseillers au fil du temps, d’autres voient arriver l’échéance avec crainte, sachant très bien devoir anticiper. Car plusieurs Conseils devront être remaniés subitement à 50 %, voire 75 %, de leurs membres. Une vraie révolution.
Difficile pour les petites communautés
Bien sûr, les paroisses comptant de nombreux participants ont pu au fil du temps penser à discerner de nouvelles personnalités pour prendre les responsabilités à venir. En général cela s’est fait naturellement, au fur et à mesure de la création d’activités ou de groupes. Mais pour les paroisses plus en difficulté ou simplement de taille plus modeste, les renouvellements sont difficiles. Car il ne s’agit pas de se dire qu’une personne fera bien l’affaire. Le ministère de conseiller est le fruit d’un discernement parfois long. L’appel est souvent rejeté une première fois, faute de motivation, de temps ou d’organisation, et c’est souvent en maintenant l’appel que l’on finit par avoir une réponse favorable d’un futur candidat. Ce processus demande du temps, du discernement et de la constance dans la volonté de trouver ceux qui prendront la relève.
Des enjeux d’Église
Pourtant, la réalité est là : dans deux ans sera appliquée pour la première fois l’échéance fatale. Et pour beaucoup, l’enjeu est important car ce sont principalement les anciens qui prennent en charge la responsabilité de fonctions importantes comme la présidence, la trésorerie ou le suivi des actions. Beaucoup de conseillers investis dans les actions concrètes et les groupes spirituels sont également les vis-à-vis de ces groupes pour le Conseil et assument leur coordination. En soi, un changement n’est pas problématique et nombre d’actions peuvent être coordonnées différemment. Mais quand le changement touche le dispositif en son cœur de façon massive, c’est l’ensemble de la paroisse qui risque d’assumer une période de transition douloureuse.
Certains s’en réjouissent, d’autres s’en lamentent. Il existe même des endroits où l’on cherche des solutions de contournement en prévoyant par exemple que des anciens puissent devenir des invités permanents aux séances du Conseil pendant une période de transition. Une chose est sûre : la préparation de l’avenir est nécessaire dès maintenant pour ne pas déstabiliser les paroisses les moins solides et en profiter pour générer une dynamique porteuse de sens.