Le raidissement que nous avons pu voir ces dernières années (il semble peut-être un peu moins exacerbé depuis quelques mois) sur les questions tenant à la laïcité, a il est vrai eu des conséquences sociales, politiques, législatives et règlementaires importantes qui ont renforcé l’idée qu’il vaut mieux éviter de parler de religion et que de toute façon, c’est interdit dans les espaces sociaux financés par des pouvoirs publics.
La confusion est parfois grande dans les têtes, les nôtres y compris, et il est important que nous sachions faire la part de ce qui est possible ou pas. Le Contrat d’engagement républicain, déclinaison de la loi d’août 2021 confortant les principes de la République et qui s’impose à toute association sollicitant des financements publics, n’est pas si contraignant que cela puisqu’il interdit, seulement, pourrait-on dire, « le prosélytisme abusif » basé sur la contrainte ou la violence.
La Mission populaire ne devrait pas avoir trop à craindre les foudres des tenants d’une laïcité obtue, elle qui, dans sa Charte de 2006 qu’elle a en commun avec toutes les Fraternités, dit vouloir « militer pour une laïcité qui favorise et garantisse le libre débat des convictions et la libre collaboration des personnes« .
Sauf que peut-être les militants obtus se sont logés dans nos têtes ! Gad Elmaleh suggère que s’il pose la question « y a-t-il des chrétiens dans la salle ? », un silence gêné suivra alors que s’il pose la même question concernant l’islam ou le bouddhisme, des personnes s’affirmeront croyantes plus facilement.
Pourtant, à entendre les membres de nos Fraternités venues à Paris pour le Carrefour qui s’est tenu à l’IPT les 11 et 12 novembre dernier, les échanges à caractère spirituel sont bien présents dans le quotidien de leurs activités. Les temps liturgiques également. Et c’est tant mieux ! Car c’est bien la volonté affirmée depuis 150 ans de « vivre et manifester l’évangile ». Et le message de l’Évangile n’est-ce pas d’abord celui de l’invitation à la liberté, à se mettre debout et en chemin. C’est aussi reconnaitre que le spirituel irrigue notre vie et a besoin de se nourrir aux rencontres, aux temps et au pain partagés, aux regards échangés. Aux silences aussi ! L’essentiel est sûrement plus là que dans le déploiement d’actions, certes nécessaires et importantes, que nous développons. L’humain ne vit pas seulement de pain !