Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Yonathan Arfi, n’a pas mâché ses mots contre Jean-Luc Mélenchon, dimanche 16 juillet. Il l’a accusé de se « compromettre, loin du pacte républicain », indique franceinfo. Une pique qui vient s’ajouter à une longue série de disputes entre Jean-Luc Mélenchon et le Crif.
Le président de l’instance a estimé dans un discours que, face à la menace de l’arrivée de l’extrême droite à la présidence en 2027, « les porte-voix de La France insoumise font davantage partie du problème que de la solution ». Il intervenait à Paris à l’occasion de la Journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites, en hommage aux Justes.
Pas le bienvenu à une marche contre l’antisémitisme
Yonathan Arfi a aussi jugé que le terme « insoumis » était mal choisi, alors que les membres du parti sont « incapables de s’affranchir des ordres de leur chef ». En réponse, Jean-Luc Mélenchon a déclaré sur Twitter : « Le président du Crif utilise la cérémonie à la mémoire des victimes de la rafle des juifs par la police française pour me prendre à partie. Abject. L’extrême droite n’a plus de limite. »
Entre La France insoumise (LFI) et le Crif, les tensions sont anciennes. On se souvient notamment que la célèbre fédération d’associations juives avait déclaré que Jean-Luc Mélenchon n’était pas le bienvenu à la marche blanche organisée après le meurtre de Mireille Knoll, une octogénaire juive, en 2018.
Le parti de Jean-Luc Mélenchon froisse régulièrement une partie des juifs en soutenant les Palestiniens face à Israël, comme l’explique Le Parisien. Pendant l’université d’été du Front de gauche en 2014, Jean-Luc Mélenchon avait félicité la jeunesse française qui avait su, selon lui, se mobiliser avec une « discipline parfaite » lors d’une manifestation pour défendre les « malheureuses victimes de guerre à Gaza » dans le conflit israélo-palestinien.
Des attaques disproportionnées ?
Ces propos avaient heurté certains juifs, qui rappelaient que depuis la mobilisation en faveur de Gaza, des incidents avaient eu lieu en région parisienne, aux cris de « Mort aux juifs ».
LFI soutient notamment le mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS), qui fait campagne pour le boycott économique, académique, culturel et politique d’Israël et ses citoyens. Jean-Luc Mélenchon a également taxé le Crif de communautarisme « particulièrement agressif », alors que l’organisation appelait Emmanuel Macron à suivre la décision américaine de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël.
Certaines personnalités dénoncent aussi le discours ambigu de Jean-Luc Mélenchon sur l’antisémitisme. Dans une tribune sur Slate, le journaliste Claude Askolovitch s’inquiétait, en 2019, des attaques très agressives du chef de LFI contre le Crif. « Une association juive en France doit-elle être combattue comme on combat les exploiteurs et leurs gouvernements ? écrit le journaliste. Jean-Luc Mélenchon s’égare dans une disproportion. Il prend le risque de faire des juifs une cible politique (…). »