Comment envisagez-vous votre fonction au sein du dialogue interreligieux entre protestantisme et judaïsme ?

Je ne suis pas sûr qu’il s’agisse d’un dialogue interreligieux ! Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, nous avons (re)découvert que Jésus était juif, que la plupart de ceux qui ont écrit à son sujet étaient des juifs, tout comme les premiers lecteurs des évangiles. Pour comprendre les évangiles, ne faut-il pas les lire nous aussi avec des yeux juifs ?!

En quoi les travaux de la Commission permettent-ils d’avancer dans ce domaine ?

Le dialogue est un moyen important pour découvrir le judaïsme. La Fédération protestante de France a organisé un premier colloque dont les actes ont été publiés en 2015 (Une fraternité exigeante, éditions Olivétan) et
un second colloque qui s’est tenu en 2018 sur le thème « Parler de l’autre, regards croisés juifs et protestants ».
Pour continuer cet échange, la commission veut mettre en chantier un troisième colloque entre juifs et chrétiens, élargi cette fois aux Églises chrétiennes non protestantes.

Ce dialogue existe-t-il depuis longtemps ?

Ce fait n’est guère connu, mais les Églises issues de la Réforme en Europe se sont engagées dans un processus derévision de leur relation avec le monde juif dès l’après-guerre en 1945. Une des tâches que s’est donnée la commission est de rassembler tous les textes protestants produits par des Églises membres de la FPF dans une sorte de compendium qui permettra de mesurer le parcours effectué, mais aussi d’observer les différences de positionnements au sein même des Églises de la Fédération. Cette pluralité de théologies et d’interprétations doit être respectée.

Quel autre projet avez-vous ?

Suite à la recrudescence des actes antisémites en France, il nous est également apparu important de travailler sur un matériel pédagogique destiné aux Églises de la Fédération pour aider leurs membres à prendre conscience de réflexions ou de représentations à caractère antisémite. Nous devons tous être très vigilants sur ce sujet.

Comment fonctionne la Commission ?

La Commission est actuellement composée de 10 membres issus des Églises baptise et adventiste, de l’UEPAL (Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine) et de l’EPUdF. Elle se réunit chaque trimestre. Sa mission est de favoriser le dialogue interne au protestantisme français concernant ses relations avec le judaïsme et de contribuer à faciliter le dialogue avec celui-ci. Elle assure aussi les dialogues avec le consistoire central et le CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France).

Et vous-mêmes, qu’est-ce qui vous a motivé à entrer au sein de cette Commission ?

D’abord des relations d’amitié avec des rabbins avec lesquels j’ai eu des échanges très riches ; ensuite des projets interreligieux chrétiens/juifs/musulmans passionnants que nous avons pu mettre sur pied en Seine-Saint-Denis
pour faire dialoguer des jeunes issus de nos diverses communautés ; enfin, la lecture de la Bible hébraïque et du Nouveau Testament est une confrontation quotidienne avec l’univers sémitique