Lundi 31 mars, durant le sommet SOS Océan organisé à Paris, Emmanuel Macron a fixé huit objectifs à la prochaine conférence des Nations unies pour l’océan qui se tiendra du 9 au 13 juin 2025 à Nice. L’un des objectifs est notamment l’entrée en vigueur de l’accord sur la gouvernance de la haute mer. Cet accord trouvé à l’ONU en mars 2023 doit « assurer la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique marine dans les eaux internationales ». La haute mer représente ainsi 60% de la surface des océans et près de la moitié de la surface du globe. L’accord a été signé par 110 États mais n’est ratifié que par 21 d’entre eux. Avec la conférence de Nice, Emmanuel Macron souhaite passer à 60 ratifications. Le deuxième objectif du président de la République est la défense de la pêche durable tout en luttant contre « la pêche illégale, illicite et non déclarée ». Le troisième objectif est de parvenir à 30% de protection des océans d’ici à 2030, contre seulement 8,5% actuellement. Le quatrième objectif du président est la décarbonation du transport maritime dans le but d’atteindre la neutralité carbone en 2050.
La lutte contre la pollution plastique est le cinquième objectif. Pour cela, Emmanuel Macron souhaite « poursuivre les négociations sur le traité plastique », mais aussi « supprimer l’usage des plastiques à usage unique ». Parmi les objectifs figurent aussi la mobilisation de nouveaux financements, mais aussi la lutte contre le changement climatique. Enfin, le dernier objectif présenté par la président est « la défense de la science ». Alors que les États-Unis ont banni certains mots des programmes de recherche, le président a souligné la « responsabilité » des Européens de « maintenir le financement d’une recherche académique libre pour le bien commun, mais qui permette aussi d’établir scientifiquement des résultats ». Il a défendu un moratoire sur l’exploitation des grands fonds marins dans l’attente de « connaissances scientifiques nécessaires ». « Il ne doit pas y avoir d’action concernant l’océan qui ne soit éclairée par la science », a-t-il affirmé, selon des propos repris par Le Monde. La conférence des Nations unies pour l’océan se déroulera à Nice et rassemblera des dizaines de chefs d’État. Elle sera précédée d’une conférence de 2000 scientifiques.
« Un double discours » sur la protection des océans
La prise de parole d’Emmanuel Macron n’a pas convaincu les ONG, qui demandent davantage d’actions que de discours. Ainsi l’association Bloom, contre la destruction de l’océan, du climat et des pêcheurs artisans, a fustigé « la nouvelle tentative du Président français de soutenir la destruction en se faisant passer pour un leader de la protection environnementale ». Elle demande notamment au président d’interdire les pêches destructrices, à commencer par le chalutage dans les aires marines protégées. De son côté, Greenpeace a dénoncé le « double discours d’Emmanuel Macron ». L’ONG affirme que les aires marines protégées en France « n’ont de protégées que le nom » et que seulement 4% des eaux françaises sont protégées. « Si plus de 500 aires existent sur le papier, très peu bénéficient de mesures de protection strictes. La pêche industrielle y reste largement autorisée, compromettant la survie des écosystèmes marins et vidant nos océans », développe Greenpeace dans un communiqué.
Pour repenser les aires marines protégées, Greenpeace demande une refonte de leur gestion avec quatre recommandations. L’ONG demande « d’interdire toute extraction dans 10% des eaux françaises », mais aussi de « garantir une répartition équitable de la protection », de « réserver le littoral à la pêche artisanale » et « d’interdire le chalutage de fond » dans les aires marines protégées. « Les océans sont notre patrimoine commun. Ce sont eux qui régulent le climat et fournissent une grande partie de l’oxygène que nous respirons. Ne les laissons pas s’effondrer sous le poids de l’inaction », conclut Greenpeace.