Ah… le retour des vacances ! Respirer enfin, découvrir un ailleurs, goûter simple ment à la joie de ne rien faire. « Dieu se reposa au septième jour… » dit la Genèse. Pourtant, ce repos, près de 40 % de nos concitoyens n’y ont pas accès, privés de vacances faute de moyens.
Que les riches soient riches, voire très riches, je m’en moque. Je ne suis pas jaloux même s’il est vrai que la concentration de pouvoir que procure des moyens financiers démesurés pose un problème démocratique. L’Évangile ne condamne pas la richesse elle-même, mais son mauvais usage. « Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur », disait Jésus. Mais que certains d’entre nous soient trop pauvres pour mener une vie décente, je ne m’en moque pas du tout.
Décente… le mot est simple mais redoutable. La vie devient indécente quand elle enferme dans la précarité, amoindrit la capacité de décider, dégrade l’estime de soi, prive de liberté et d’espérance. On ne peut renvoyer les personnes concernées à leur seule volonté. Comme l’écrit l’apôtre Jacques : « Si un frère ou une sœur sont nus et manquent de nourriture, et que l’on dise : Chauffez-vous, rassasiez-vous ! sans leur donner ce qui est nécessaire, à quoi cela sert-il ? »
Cette question de décence est collective, politique. Elle ne saurait se réduire à la charité privée, ou à l’Entraide de nos paroisses, si généreuse soit-elle. C’est l’ensemble de la communauté qui devient indigne de laisser certains sur le bord de la route. Influencée par une certaine éthique protestante de la liberté et de la responsabilité, la société américaine tend à laisser le soin de partager à la bonne volonté des riches eux-mêmes. Notre modèle français, lui, plus marqué par la passion de l’égalité, organise la solidarité par le biais de l’impôt. Pour nous, ce n’est pas tant une affaire de charité qu’une question de […]