Interroger ce t hème en protestantisme est particulièrement suggestif. En effet, si dans une optique biblique chrétienne le mot « idole » renvoie à des images plastiques contestées – dans la Bible, il ne désigne pas une chose neutre, mais un objet vénéré qui contient une parcelle de divin, or le Dieu de la Bible ne saurait être présent dans une forme ou une image –, l’Ancien Testament offre donc une vision caricaturale et polémique de l’idole visant les polythéismes riverains. En revanche, de nos jours, la notion d’idole est plus ambivalente. El le s’est déplacée du côté de représentations mentales ou de structures sociales problématiques, mais elle peut aussi être positive. Ainsi pour des raisons anthropologiques, l’homme reconnaît à certains objets une signification particulière liée à l’affectif, comme les objets manipulés et transactionnels avec lesquels on se sent bien, par exemple, le doudou des enfants, ou dans la Bible les idoles de Laban et Rachel (Gn 31). En fait, c’est le regard ou un certain type de relation à l’objet qui fait l’idole. On peut alors avoir un rapport idolâtrique avec des objets qui ne sont pas des idoles par destination, par exemple l’argent.

De la même façon, les objets des arts premiers en devenant objets de pure contemplation esthétique perdent leur puissance idolâtrique. Enfin, si on reste fidèle à la pensée biblique contre les idoles comme figures matérielles qui renvoient à un sacré polythéiste, il est aussi possible de représenter l’absence d’idole en mettant en avant le vide, la trace, l’absence. L’idole se trouve ainsi à la croisée des approches et des regards. Aujourd’hui ce concept ne peut qu’être approché de manière pluraliste et pluridisciplinaire.

Pour éclairer et enrichir les questionnements provoqués par la thématique, Protestantisme et Images a organisé le 30 septembre, une journée d’étude sur le thème « L’idole dans la théologie, l’art et l’histoire » de 14h15 à 18h30. Elle précèdera le vernissage de l’exposition prévu à 19h. Elle est élaborée autour de deux conférences et d’une table ronde. La première conférence donnée par Raphaëlle Ziadé (Conservatrice au Petit Palais, Paris) se penchera sur « anthropocentrisme et aniconisme dans l’Antiquité tardive et la Bible », la seconde par Ralph de Coninck (UCL Louvain), traitera du fait qu’« Il n’y a pas d’icône sans idole. L’icône du martyre et le martyre de l’idole ».

La table ronde sur le thème « Fin des idoles, actualité des images » sera présidée par Nathalie Leenhardt de Réforme et réunira Nicolas Cochand (IPT Paris), Jérôme Cottin, Ralph de Coninck, Valérie Nicolet (IPT Paris) et Raphaëlle Ziadé. L’exposition se tient à l’Institut protestant de théologie du 30 septembre au 20 octobre de 10h à 18h sauf le dimanche. Elle présente le travail de treize artistes sélectionnés  à la suite d’un concours  : Claude Braun, Catherine Cailliau, Caroline Chariot Dayez, Claude Chariot, Valérie de Laubrière , Nicole Dupont, Sandy Fiol, Claude Gaudriault, Alain Guillon, Claude Klimsza, Sylvie Tschiember et Willy Ventura. Tous les médias artistiques sont représentés, peinture, photographie, dessins, vidéo, céramique avec cependant une large place dévolue à la sculpture. Chacune des œuvres dans sa singularité montre comment l’artiste a été interpellé par le thème proposé et comment celui-ci entre en résonance avec ses propres recherches.