L’appel au réarmement en France et en Europe ne va pas sans questions pour ceux qui se réclament du Christ. Nul doute en premier lieu que les milliards d’euros annoncés seraient plus utiles pour faire face au dérèglement climatique, par exemple.
Ne sommes-nous pas, d’autre part, assignés par le message des Évangiles au refus de la violence et de la guerre ? Les Églises historiquement pacifistes, mennonites, quakers, etc., ne sont plus seules aujourd’hui dans leur opposition résolue à la guerre. Dans l’encyclique Fratelli tutti, le pape François écrit : « Il est très difficile aujourd’hui de défendre […] « la guerre juste ». Jamais plus la guerre. »
Jamais plus la guerre… Sauf qu’elle est à nouveau d’actualité sur notre Vieux Continent. Si rien ne prouve que Vladimir Poutine veuille absolument envahir l’Union européenne, il s’est bel et bien attaqué à l’Ukraine et ne compte pas lâcher sa proie. Il n’est pas écrit non plus que les pays baltes et l’Est de l’Europe soient directement menacés. Reste une quasi certitude : les États-Unis sont bien décidés à laisser notre continent assurer seul sa sécurité.
Serait-ce alors une faute de dépenser des milliards pour le réarmer ? Les chrétiens ne veulent pas de la guerre, et rechignent à tout ce qui pourrait sembler la préparer. Sauf qu’il ne s’agit pas de se préparer à faire la guerre à la Russie de Poutine, mais de se préparer à se défendre. Ou mieux, à dissuader Moscou de nourrir de nouvelles ambitions territoriales. Malheureusement, chrétiens, pacifistes ou non, nous devons nous confronter au réel et prendre au sérieux les menaces qui nous sont adressées.
Jean-Luc Mouton, journaliste, pour « L’œil de Réforme »