Depuis la nuit de samedi et jusque tard dimanche, la file d’attente s’étire sur plusieurs pâtés de maison jusqu’à l’église San Cayetano à Liniers, au nord de Buenos Aires. Près d’un millier de personnes à la mi-journée, un bouquet d’épis de blé en mains, orné d’une image du saint. Un par un, les fidèles passent devant la statue de Cayetano, apposent les mains. Quelques secondes, une minute, une prière, un remerciement, une demande de “ne jamais manquer”. Après deux ans sans pèlerinage pour cause de Covid-19, les Argentins retrouvent un de leurs saints préférés. Et, une nouvelle fois, un contexte économique anxiogène, avec une inflation à 64% sur l’année écoulée et des prévisions de 70% à 90% pour 2022.
“On vit un moment très difficile, les gens n’y arrivent juste pas. Regardez les prix incroyables.” Raquel Viera, retraitée de 62 ans, a fait 72 km pour venir prier San Cayetano, comme chaque 7 août depuis plus de vingt ans. “Mais je crois qu’il faut venir ici. Si vous avez la foi, vous venez.” C’est que Cayetano (Gaëtan de Thiène) tient une place à part dans le panthéon de l’Argentine catholique. Saint vénitien du XVIe siècle qui voua sa vie aux pauvres, importé avec […]