L’association des Restos du cœur est une institution connue de tous les Français, mais elle est aujourd’hui en péril. Son président, Patrice Douret, a lancé un appel aux politiques pour un « plan d’urgence alimentaire », dimanche 3 septembre. En difficulté financière, les Restos du cœur sont contraints de réduire cet hiver le nombre de bénéficiaires de leur aide alimentaire.

« Aujourd’hui, nous ne sommes pas suffisamment solides pour absorber le flux de personnes qui ont besoin d’aide alimentaire », alerte Patrice Douret, qui ajoute : « Si rien n’est fait, on pourrait devoir fermer d’ici trois ans. »

Comment en est-on arrivé à une telle situation ? Le Télégramme explique que l’association, fondée par Coluche en 1985, est aujourd’hui confrontée à une arrivée massive de personnes en situation de précarité. L’année 2023 n’est pas encore achevée qu’elle a accueilli 1,3 million de personnes, contre 1,1 million sur l’ensemble de l’année précédente. Ces derniers mois, son budget pour les achats alimentaires, distribués gratuitement, aurait même doublé.

Inflation et hausse du nombre de demandeurs

Les besoins supplémentaires des Restos du cœur pour la seule année en cours s’élèvent ainsi à 35 millions d’euros, comme l’indique Le Figaro. L’association doit donc, pour la première fois de son existence, refuser des personnes dont le niveau de revenu dépasse un certain seuil, mais aussi diminuer les dotations en nourriture. Cette politique entrera en vigueur dès le mois de novembre et 150 000 personnes pourraient être éconduites, selon les estimations du président.

Autre explication à cette crise, les Restos du cœur subissent l’inflation. Le nombre de bénéficiaires augmente fortement en raison de l’envolée des prix, et les denrées à fournir deviennent plus chères. Dans le même temps, les associations d’aide alimentaire constatent une baisse des dons de la part de leurs partenaires traditionnels.

Les Restos du cœur, qui assurent 35 % de l’aide alimentaire en France, ont un budget de fonctionnement d’environ 200 millions d’euros par an. Ces ressources proviennent de donateurs particuliers, d’entreprises, d’aides publiques de l’État et de l’Union européenne. Or, les associations constatent une baisse des dons de nourriture venus de la grande distribution et de l’industrie agroalimentaire. Les subventions européennes sont, en outre, moins importantes que durant la crise sanitaire, alors que le nombre de personnes dans le besoin n’a pas baissé.

Des promesses de dons et de subventions

Face à cette situation, Patrice Douret explique avoir demandé à rencontrer Emmanuel Macron au printemps. Il a aussi appelé à renforcer le soutien européen dans une tribune au Monde. Yves Mérillon, porte-parole des Restos du cœur, a appelé les pouvoirs publics à mettre en place des « mesures structurelles » contre la pauvreté.

Dimanche 3 septembre, Aurore Bergé, la ministre des Solidarités, a promis une aide supplémentaire de 15 millions d’euros à l’association. Elle a aussi lancé un « appel solennel aux grandes entreprises » pour qu’elles se mobilisent « pour l’aide aux plus fragiles ». L’association fondée par Coluche a aussi reçu les représentants des distributeurs Carrefour et Intermarché lundi 4 septembre, en vue d’obtenir de nouveaux dons.