Les fake news auront rythmé la campagne des élections américaines, c’est un fait. À l’ère de la post-vérité, l’objectif dans le débat public ne semble plus tant être le fait de rechercher l’exactitude ou la justesse du propos, mais d’occuper le terrain. Occuper le terrain, non plus pour dire la vérité, mais pour être LA personne qui se pose comme légitime pour proposer sa version de l’histoire. Et les analystes constatent que, dans cette guerre de désinformation, les stratégies visant à débunker les mensonges du camp adverse ne fonctionnent plus. Elles ne prennent plus. Elles apparaissent même comme des stratégies suspectes, porteuses de mensonge.

Qu’il n’en soit pas ainsi au milieu de nous. Jacques Nussbaumer dans un article récent des Cahiers nous appelait à la sagesse. Il encourageait la pratique d’un doute méthodique, à distance du scepticisme radical qui « nourrit une crédulité vis-à-vis des thèses alternatives », comme à distance de la prétention à détenir et asséner des vérités fermes et définitives, au risque d’alimenter les clivages et de mettre en échec la recherche de la […]