Il faut entendre la nouvelle donne induite par le choix des électeurs états-uniens. À l’heure où les grands acteurs mondiaux augmentent leur potentiel militaire, l’Europe, si elle veut défendre les valeurs qui la fondent, ne peut plus déléguer sa protection à un allié imprévisible. L’Union européenne a annoncé un plan de 800 milliards d’euros. Le chiffre est tellement énorme que je ne m’imagine pas ce qu’il représente, sinon que c’est beaucoup. Chaque État devra faire sa part, et comme la France est déjà trop endettée, elle devra trouver de nouveaux moyens de financement, car l’argent magique n’existe pas.
Certains disent qu’il faut faire payer les riches. C’est moralement satisfaisant, sauf que les riches sont toujours les autres. En outre, les très riches savent très bien se défendre et délocaliser leur fortune quand la pression devient trop forte. La mesure ne sera pas à la hauteur des besoins, sauf à entrer dans une démarche confiscatoire qui sera contre-productive pour l’économie. Alors il ne reste que quatre solutions : augmenter les impôts de ceux qui en payent, mais la France est un pays dans lequel la fiscalité est déjà très élevée ; réduire la fonction publique comme aux États-Unis, mais de nombreux secteurs sont en sous-effectifs ; baisser les prestations sociales, ce qui est éthiquement problématique ; ou augmenter le temps de travail, ce qui reste un tabou. On a le droit de prier pour que nos gouvernants soient éclairés !
Antoine Nouis, théologien, directeur du journal Réforme, pour « L’œil de Réforme »