Pays africain comptant le plus de catholiques (40% de la population), la République démocratique du Congo (RDC) voit le nombre de protestants progresser. Ils représentent actuellement près de 30% de la population. La progression des évangéliques est la plus rapide. Cette évolution est le fruit de ce que certains appellent le “Réveil protestant”. Un mouvement engagé il y a trente ans, date l’historien et sociologue français spécialisé dans l’étude du protestantisme, Sébastien Fath. Dans la pratique, il se concrétise par “une forte poussée d’Églises nouvelles”, précise-t-il dans un article publié sur le site Regards protestants, en janvier 2023.

Trois décennies ayant connu des phases différentes, dont la dernière a débuté dans les années 1990. Le spécialiste explique : “Dans un monde plus incertain, où la dynamique postcoloniale et panafricaine s’accélère, la religion constitue, plus que jamais, une valeur refuge et un creuset de mobilisation.” Dans ce contexte, “par sa structure décentralisée et ‘bottom-up’, sa souplesse organisationnelle et le rôle qu’il accepte de donner aux femmes, le protestantisme, dans ses versions évangéliques et pentecôtistes, a le vent en poupe”.

Une évangélisation intérieure

Dans un entretien accordé à Vatican News, dans la perspective de la venue du pape François en RDC, du 31 janvier au 3 février, l’historien congolais Isidor Ndaywel souligne que l’évangélisation est un mélange de “celle venue du dehors et celle produite à l’intérieur du pays, au point que les Congolais sont devenus eux-mêmes des missionnaires”.

L’auteur de L’Histoire générale du Congo rappelle qu’autrefois, le roi lui-même demandait aux missionnaires chrétiens de venir dans son royaume. Aujourd’hui, l’évangélisation se poursuit avec l’aide des Congolais. Mais ce n’est pas tout : “Sur tous les continents, il y a maintenant la présence des missionnaires congolais, qu’ils soient catholiques ou protestants, et qui portent la Bonne Nouvelle ailleurs”, précise Isidor Ndaywel. Et d’ajouter : “Nous sommes ainsi dans une logique différente où le christianisme n’est plus pour nous une donnée du dehors ; mais tout simplement une manière de vivre notre identité de Congolais.”