Les épreuves sont parfois des opportunités. En apprenant la destruction nécessaire du temple pour bâtir une station de la nouvelle ligne de métro, la paroisse de Champigny a réagi et négocié la vente d’une partie du terrain contre un nouvel édifice.

Un phare au cœur de la ville

Cela peut apparaître comme une compensation, mais le nouveau temple se retrouvera aux premières loges d’un bouillonnement de plusieurs centaines de milliers de passants, une occasion unique de témoigner. Pour l’occasion, il a été fait appel à Marc Rolinet, l’architecte protestant de nombreux temples et de la chapelle des diaconesses à Versailles. Le lieu imposait une ouverture au monde, qui s’est traduite par un temple en forme de coque retournée, entourée d’un écrin de verre. Pur, sobre, beau. L’arche de Noé s’invite donc au cœur de l’esplanade du métro pour accueillir la multitude et rendre compte de la foi chrétienne. 800 m² pour annoncer l’Évangile, 350 places dans le temple, le projet est pharaonique et fait naître l’un de ces grands temples dont la vocation est de devenir des phares.

Un projet fédérateur

Si la première pierre sera posée le 18 septembre, la paroisse pense déjà à faire vivre les lieux dans les années à venir. Plus exactement elle renforce son projet de vie, qui n’est pas guidé par les pierres mais fondé par la Parole. Pour cette communauté locale, le soutien des paroisses voisines sera sans doute important pour créer un espace de témoignage pour les 200 000 personnes vivant dans les communes proches. Les associations protestantes pourront également y trouver un lieu d’exposition de leurs actions et illustrer ainsi la dimension d’accueil de l’Église. Comme en d’autres lieux, l’idée n’est pas tellement de juxtaposer des communautés, associations et événements, mais de faire en sorte que l’Église elle-même soit multiple dans ses actions, ouverte à l’autre dans son témoignage, bienveillante dans son accueil. Une Église de multitude et de pluralisme qui puisse réaffirmer tranquillement dans la cité la foi et les valeurs de l’espérance.

Un autre rapport au temps

Le pari est d’autant plus important qu’il existe un grand écart avec l’extérieur. De l’autre côté du parvis, le monde de ceux qui courent vers le métro pour aller ou rentrer du travail, tendus vers la performance d’un monde sans cesse plus efficace et trépidant. Derrière les larges baies du temple, l’espace d’un temps qui ne compte plus, habité qu’il doit être par la pertinence et la rencontre. Entre ces deux mondes, qui illustrent quasi parfaitement les tensions intérieures à chaque être humain, se dresse la transparence du verre, comme une nécessaire porosité. Et une porte, symbole de LA porte. Pour qu’elle reste ouverte, il faudra toute l’espérance et l’engagement de la communauté, de ses voisins, des œuvres partenaires. Un défi audacieux pour le Conseil presbytéral, et de belles rencontres en perspective. Mais l’arche de Noé n’accueillait pas uniquement les animaux de la Terre. Elle portait aussi les humains et l’espérance du monde à venir. Le temple en arche retournée, même s’il n’est pas encore sorti de terre, semble déjà confier cette vocation à la petite communauté de Champigny.