Ces mouvements d’extrême-droite étaient peu connus de l’opinion publique jusqu’à ce que l’actualité en décide autrement. « Nous soupçonnons au moins un des membres de la Division Martel d’être impliqué dans les faits de Romans-sur-Isère », a indiqué le ministère de l’Intérieur Gérald Darmanin auprès de franceinfo, mardi 28 novembre.
Le ministre fait référence à une expédition punitive, menée par 80 membres de l’ultradroite dans les rues du quartier populaire de la Monnaie, à Romans-sur-Isère (Drôme). La descente faisait suite à la mort de Thomas, lycéen poignardé lors d’un bal.
La Division Martel, et deux autres groupuscules d’ultradroite, sont dans le viseur du ministère de l’Intérieur. Gérald Darmanin veut proposer leur dissolution et précise que ses « services travaillent sur ce groupement de fait, qui vise à promouvoir le recours à la violence pour favoriser l’avènement d’une suprématie nationaliste et xénophobe » depuis « plusieurs mois ».
Des groupuscules violents
L’ultradroite est qualifiée ainsi pour désigner les mouvements d’extrême-droite qui doivent être surveillés parce qu’ils ont une dimension violente. En cela, ils se distinguent des activistes et des élus au sein des partis politiques. Le ministère de l’Intérieur considère aussi, sur son site, que certains individus, au nom d’idéologies extrêmes, sont susceptibles d’avoir recours à la violence et que les groupuscules ultras représentent une menace à l’ordre public.
En 2019, l’Assemblée nationale a consacré une commission d’enquête à la « lutte contre les groupuscules d’extrême-droite ». Le rapport estime les effectifs de la mouvance entre 2 000 à 3 000 personnes. Un programme de recherche a ensuite compilé les faits de violences militantes en France depuis plus de trente ans. Selon cette base, 70% des agressions (atteintes aux personnes) sont le fait de groupes d’ultradroite, comme le rapporte Public Sénat.
Une menace terroriste ?
Certains de ces groupuscules sont soupçonnés de fomenter des projets d’attentat. La Croix explique, dans un long récit, la menace que peut représenter le terrorisme d’ultradroite. Elle mentionne la tendance politique radicale de « l’accélerationnisme » : venu d’outre-Atlantique, elle vise à faire usage de la violence pour provoquer une « guerre civile raciale » et interethnique dans les sociétés occidentales.
Le terrorisme d’ultradroite représente ainsi une des principales menaces des démocraties occidentales, selon les policiers dont La Croix rapporte les propos. Dans le monde, entre 2010 et 2020, 38 attaques ont été recensées, qui ont fait 243 morts. On se souvient par exemple de la tuerie perpétrée par Anders Breivik en 2011, qui entraîné la mort de 77 personnes en Norvège en 2011. En 2019, le suprémaciste blanc Brenton Tarrant a mené une attaque dans deux mosquées en Nouvelle-Zélande, qui a fait 51 morts.