L’insécurité s’étend en Haïti. Ces derniers jours, elle gagne même des secteurs jusque-là moins touchés, précise RFI, lundi 6 mars. Un constat partagé par les Nations unies. Dans un communiqué publié trois jours auparavant, celles-ci parlent de niveaux de violence “jamais vus depuis des décennies”. Une résurgence qui s’expliquerait par une augmentation récente des saisies d’armes à feu, laissant entendre que le trafic d’armes à feu vers Haïti va croissant.
Le rapport onusien rappelle également qu’Haïti reste “un pays de transbordement pour les drogues, principalement la cocaïne et le cannabis, qui y entrent par bateau ou par avion dans les ports publics, privés et informels, ainsi que par les nombreuses pistes clandestines”. “En fournissant une évaluation rapide du trafic illicite d’armes à feu et de drogues, cette étude de l’Office des Nations unies contre les drogues et le crime (ONUDC) cherche à faire la lumière sur les flux de trafic qui bénéficient aux gangs en Haïti et alimentent davantage de violence dans une situation volatile et désespérée, afin d’aider à éclairer les réponses et le soutien au peuple haïtien”, commente Angela Me, cheffe du Service de la recherche et de l’analyse des tendances de l’ONUDC.
Des secteurs huppés visés
En attendant, depuis le début du mois de mars, les quartiers centraux de Port-au-Prince vivent au rythme de la guerre des gangs, souligne RFI. Pour échapper aux affrontements, des habitants ont quitté leur domicile, sans même savoir où se réfugier. Mais des violences ont également eu lieu dans d’autres communes comme à la Croix-des-Bouquets. Même des secteurs considérés comme huppés ou touristiques ne sont plus épargnés, et les enlèvements se multiplient.
S’appuyant sur les propos d’organisations civiles haïtiennes, la radio précise que la capitale est désormais contrôlée par des groupes armés. En octobre dernier, le gouvernement provisoire avait demandé l’aide d’une force militaire étrangère dans le pays. Une aide qui ne s’est pas concrétisée malgré les promesses de la communauté internationale pour renforcer la police nationale d’Haïti. “Les gangs gagnent du terrain, ils se renforcent”, assure Maître Gédéon Jean, le directeur du Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme en Haïti.