Grâce à son réseau de plus de 3000 écoles protestantes, elle revendique la scolarisation de 300.000 enfants. La FEPH fête en ce mois de mai ses 37 ans, dans un contexte douloureux : son directeur exécutif, Christon St Fort, a demandé des prières d’intercession aux organisations chrétiennes qui soutiennent les écoles haïtiennes.
En Haïti, le quotidien a tous les aspects d’une guerre civile. Les pénuries sont permanentes, les services de l’État défaillants, tout est difficile et dangereux : se déplacer, se fournir en denrées de base, poursuivre une activité professionnelle, s’occuper de ses enfants et de ses proches… Surtout, la violence est omniprésente. C’est particulièrement le cas de la capitale, Port-au-Prince, mais cette situation d’insécurité extrême a tendance à s’étendre, y compris dans des zones jusqu’alors plus épargnées comme le département de l’Artibonite. À Port-au-Prince même, plus aucun quartier n’est sûr, pas même les arrondissements de Kenscoff ou Pétion-Ville, longtemps considérés comme moins touchés.
Les gangs qui tiennent les rues et se livrent à une véritable guérilla pour le contrôle de tel quartier ou de tel grand axe rançonnent, pillent, violent, massacrent, brûlent : pour le seul mois d’avril, et pour la seule capitale, plus de 600 personnes ont été tuées, selon les chiffres de l’Onu qui évoque des niveaux de violence « comparables à ceux des pays en situation de guerre ». Face à l’impuissance de la police, des habitants s’organisent en milices, massacrant sans autre forme de procès les membres de gangs qui peuvent tomber entre leurs mains. Ces « brigades de vigilance » sont, selon le dernier rapport de l’Onu, responsables du lynchage d’au moins 75 personnes, dont 66 membres de gangs, au cours du premier trimestre 2023. Devant une situation aussi ingérable, le haut-commissaire de l’Onu aux droits de l’homme, Volker Türk, a lancé un nouvel « appel à la communauté internationale pour qu’elle déploie une force de soutien spécialisée (…) avec un plan d’action complet pour aider les institutions haïtiennes ».
Mais ce soutien international se fait attendre et nombre d’Haïtiens eux-mêmes redoutent les effets à moyen terme d’une telle ingérence étrangère, qui pourrait aggraver la dépendance du pays sans régler pour autant les problèmes politiques, la corruption, la dégradation des services de l’État, sans compter tout ce qui doit être reconstruit dans tous les domaines les plus nécessaires à la vie d’un pays, depuis le secteur agricole jusqu’aux infrastructures de transport ou aux écoles…
Plaidoyer pour le droit à une éducation de qualité
Les écoles : voilà précisément l’un des lieux où peut se préparer un autre avenir pour Haïti. Sans éducation, pas de sortie possible de la pauvreté, pas de moyen de former une génération de citoyens qui seront outillés pour lutter contre la corruption et pour aider à construire une société moins violente et plus juste. Préparer l’avenir, en dépit des duretés du quotidien : c’est la difficile tâche des […]