Avec tous ceux qui aiment Israël, je suis inquiet pour ce pays à cause de la politique du Premier ministre qui cherche à réduire l’indépendance de la justice et l’autonomie de la Cour suprême. L’objectif à moyen terme est de renforcer la politique punitive vis-à-vis des Palestiniens sans être entravé par des freins juridiques ou le risque d’infractions constitutionnelles.

Rappelons quelques éléments. Une démocratie ne se juge pas uniquement par l’organisation d’élections libres, mais aussi par un certain nombre de contre-pouvoirs que sont une presse libre, une justice indépendante, des institutions intermédiaires dynamiques (associations, syndicats, organisations religieuses…) et le respect d’une constitution qui place un certain nombre de valeurs au-dessus des lois. Ces dernières années ont vu l’émergence d’un certain nombre de « démocratures » – mot-valise composé de démocratie et dictature – lorsque des présidents élus ont cherché à museler la presse, à contrôler la justice et à réduire le rôle de la constitution de leur pays. Israël est tenté par cette dérive. Même si la société civile a montré une heureuse résistance à cette évolution et que le Premier ministre a mis son projet en pause, son objectif reste de limiter les contre-pouvoirs pour accentuer sa politique répressive.

Artisans de paix

Le problème des relations avec les Palestiniens est qu’elles sont souvent conçues comme un jeu à somme nulle dans lequel ce qui est acquis par les uns est perdu par les autres. Les relations humaines sont plus complexes que cela et la montée des conflits se solde par un perdant-perdant. La seule chose positive qui puisse arriver à Israël et aux Palestiniens est de relancer un processus de négociations. « Heureux les artisans de paix », dit le Sermon sur la montagne de l’Évangile de Matthieu.

En prenant du recul et en quittant le champ du politique pour entrer dans celui du religieux, l’histoire nous montre que chaque fois qu’une religion s’est trouvée en situation hégémonique dans un pays, elle s’est dénaturée. Cette loi ne souffre aucune exception. La meilleure chose pouvant arriver au judaïsme en Israël est de côtoyer des minorités chrétiennes et musulmanes dynamiques. Une des responsabilités du politique est d’être un garant de cette diversité.