De plus en plus utilisée de manière négative et presque caricaturale en France où ce terme n’est apparu qu’au début des années 2000, la notion d’intersectionnalité existait dans la pratique bien avant que le mot lui-même ne soit forgé. Les auteures la font notamment remonter au XIXe siècle, avec le combat acharné pour la justice sociale de la féministe et réformatrice sociale indienne Savitribai Phule ou encore avec le long parcours vers la liberté et l’égalité de l’ancienne esclave américaine Sojourner Truth dont le discours « Ain’t I a Woman » prononcé en 1851 peut être considéré comme « un repère essentiel de la sensibilité intersectionnelle ».(p.116) Ce faisant, elles montrent que la réalité de l’intersectionnalité ne peut pas se limiter à l’Amérique du Nord et à l’Europe, mais qu’elle était aussi présente depuis longtemps dans les faits dans les pays du Sud.

Les auteures présentent l’intersectionnalité à la fois comme une carte de navigation en chantier permanent de la complexité des manières dont le pouvoir est structuré, et un compas dont l’orientation est la justice sociale, « laquelle constitue un concept de l’ordre d’aspiration, un concept horizon vers lequel la démarche intersectionnelle tend. »  (p.12). Pour illustrer leur propos, elles […]