Durant les années quatre-vingt-dix, une mauvaise plaisanterie courait les rues, qui mettait en opposition Bernard et Jean-Louis Debré : le premier, célèbre médecin, balladurien ; le second, presque autodidacte et chiraquien. Mais en politique, le Petit Chose a pris sa revanche de manière éclatante. Ministre de l’intérieur, président de l’Assemblée nationale, enfin président du Conseil constitutionnel, qui dit mieux ?
Lorsqu’il triompha des réticences de ses collègues au sein de cette haute juridiction, plus rien ne le freina, pas même les menaces énergiques de Nicolas Sarkozy. Libéré de ses complexes, il fit montre d’un sens républicain dénué de cynisme, d’une sentimentalité familiale aussi souriante que fidèle. Enfant de la politique comme d’autres sont des saltimbanques de pères en fils, il s’offrit le plaisir d’offrir des ouvrages aussi joyeux que dénués de toute prétention. Lui qui s’était montré sectaire et brutal, capable d’une grande mauvaise foi dans le combat politique, était devenu presque tendre.
Jean-Louis Debré défendait des principes et des comportements politiques avec humour et détachement. « Ce que je ne pouvais pas dire », « Une histoire de famille » valent d’être lus. Valérie Bochenek, auprès de qui cet homme amaigri posait sur la couverture d’un ouvrage écrit en commun, « En coulisse », a probablement bien de la peine. Les chiraquiens tout autant.
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