La France accueille sa sixième journée nationale contre le sexisme. Organisée par l’association « Ensemble contre le sexisme », regroupant une quarantaine d’associations féministe, la journée est organisée autour de trois thèmes principaux. Dans le détail, le premier thème s’articule autour de la déclaration « le sexisme tue ». L’association avance que le sexisme « piétine leur créativité, leurs ambitions, leur liberté et leur désir. Le sexisme détruit leur confiance en elles, les rabaisse, les décourage. Véritable monstre polymorphe, il peut se présenter sous les traits d’une boutade à la machine à café, d’une remarque dans la rue… En bref, il est partout et encore trop accepté ».
Le second, « le talent et la créativité », vise à rétablir la présence féminine dans les « objets culturels ». L’association avance l’influence qu’ont le théâtre et le cinéma sur « notre inconscient collectif ». Les représentations de la femme de plus de 50 ans y est ridicule. « Une femme majeure sur deux a plus de 50 ans » et pourtant en 2020, « sur l’ensemble des films français », 9% des rôles sont attribués à des comédiennes de plus de 50 ans, rappelle l’association. « Que nous dit une société qui se raconte en évinçant de ses histoires les femmes de plus de 50 ans, à l’âge de leur puissance et de leur maturité ? », interroge l’association, considérant que « rendre visibles les femmes de plus de 50 ans dans les fictions est un enjeu de société ». Enfin, le dernier thème est celui du « désir ». Le sexisme est un « tue-l’amour » avance « Ensemble contre le sexisme« , ajoutant que le sexisme « empêche l’épanouissement des femmes dans leur sexualité ».
Les hommes peinent à considérer leur responsabilité
Pour cette journée nationale contre le sexisme, les organisatrices s’interrogent : « Pourquoi les hommes ne se mobilisent-ils pas sur le sexisme ? ». Lundi 23 janvier, le Haut Conseil à l’Égalité publiait un rapport qui faisait état du sexisme et de ses manifestations. C’est simple, « 80% » des femmes « estiment être moins bien traitées que les hommes en raison de leur sexe » et huit sur dix ont peur de rentrer seules chez elles le soir. Pourtant, les hommes peinent « à se sentir concernés », ne se sentent pas personnellement responsables de conduites sexistes, voire, pour un quart d’entre eux, pensent qu’on « en fait trop sur les agressions sexuelles ». « Parmi les hommes de 25 à 34 ans, près d’un quart estime qu’il faut parfois être violent pour se faire respecter, et tous âges confondus 40 % trouvent normal que les femmes s’arrêtent de travailler pour s’occuper de leurs enfants », indique également le rapport.
Les conclusions du Haut Conseil à l’Égalité font échos aux interrogations de l’association organisatrice de la journée nationale contre le sexisme. « Si quelques hommes s’impliquent, ils sont encore trop peu nombreux à se mobiliser », avance-t-elle. « Sont-ce des alliés ou des fossoyeurs de la lutte contre le sexisme ? Comment les mobiliser aujourd’hui pour lutter ensemble contre les manifestations du sexisme sous toutes ses formes ? », interroge encore l’association.
Enfin, « le sexisme dans les institutions » sera discuté pour cette journée nationale contre le sexisme. « Les femmes sont souvent invisibles dans la gouvernance et le pouvoir est souvent confisqué par les hommes. Au-delà du sexisme interindividuel, il existe un sexisme institutionnel, souvent invisible et qui présente comme neutres des règles ou pratiques en réalité fondées sur un ethos masculin. De la formation à la prévention, des programmes de lutte contre le sexisme se développent mais pour quels résultats ? », clame l’association. Pour prendre conscience des efforts à faire, « il s’agira d’analyser l’impact du sexisme sur le partage du pouvoir et les moyens de l’éliminer ».