Une mèche de cheveux, comme celle qui dépassait d’un foulard mal mis, selon les critères que des hommes avaient décrétés.
Une mèche de cheveux, qui fait le buzz dans les médias, comme celles que viennent de se couper plus de 50 femmes artistes, en soutient avec les femmes iraniennes qui jettent leur foulard et se coupent les cheveux, au risque de perdre la vie.
Une mèche de cheveux, comme celles qu’ont choisit de couvrir d’un voile ces deux jeunes femmes dynamiques rencontrées dernièrement dans notre Frat, au hasard d’une activité où elles s’étonnaient de l’accueil chaleureux et inconditionnel manifesté dans notre association.
Juste leurs mèches de cheveux cachées sous un voile, parce que, comme elles nous ont dit : « Ici nous vivons dans un pays de liberté et nous pouvons faire ce choix. »
Choix assumé, malgré ce que cela coutent de regards haineux que certains leurs portent ou malgré l’exclusion que ce choix peut impliquer dans leur vie sociale.
Déterminées à assumer ce choix, elles se disent en même temps conscientes de la difficulté que cela représente pour elles, encore plus aujourd’hui en regard de ce qui se passe en Iran, en Afganistan ou partout ailleurs, où les femmes sont contraintes au port du voile par des lois, dictées par Dieu ou plutôt par l’interprétation radicales que certains religieux font de ces lois.
Une mèche de cheveux sacrifiée par solidarité
Et puis, il y a aussi, une mèche de cheveux comme celle qu’une autre femme vient de se couper, pour l’envoyer à un artiste qui veut rendre hommage aux femmes iraniennes, victimes de la barbarie des hommes.
Il faut savoir que pour cette femme, cette mèche de cheveux là, était bien plus précieuse que l’on ne pourrait l’imaginer, parce que cette mèche était la plus grande et la plus jolie de ses nouveaux cheveux qui ont mis tant de temps à repousser.
C’est une mèche de cheveux « d’octobre rose », une mèche de celles que la chimio avait éradiquées en même temps qu’elle tuait les cellules de ce cancer, découvert dans son sein.
Cette belle mèche de cheveux nouveaux qui avait enfin repoussée, plus belle et plus forte qu’avant, comme elle qui s’était reconstruite. Elle, la femme qui avait lutté, vaincu la maladie et en était transformée à tout jamais dans son corps, comme dans son âme.
Oui ! Juste une petite mèche de cheveux, celle dont elle était si fière et qu’elle n’a pas hésité à sacrifier pour que ce symbole devienne un signe de résistance face aux violences, à la privation de liberté, que subissent trop de femmes, de par le monde.
La révolution qui vient des femmes
Je me souviens aussi, d’une mèche de cheveux coupée très courte, comme toutes celles de mon crâne, par la jeune fille de 16 ans, très amoureuse, que j’étais il y a 45 ans.
Amoureuse et en même temps très colère. En colère, parce que mon petit ami m’avait dit en caressant mes cheveux : « Tu es belle comme ça, j’aime tes cheveux longs, promet moi de ne jamais les couper ». En colère parce que l’amour que nous nous portions mutuellement, ne lui donnait pas le droit d’interagir sur mes choix.
C’est pourquoi, 45 ans plus tard, j’ai toujours les cheveux si courts et je ne pourrai même pas en couper une mèche en soutient au combat des femmes pour que soient respectées leurs libertés. Mais ce combat, je le porte depuis toujours dans mon cœur, comme je porte depuis toujours l’amour de celui qui malgré ou grâce à mon caractère, devint mon mari et m’aima toute sa vie avec mes cheveux, toujours courts.
Oui, juste une mèche de cheveux, insignifiante mèche de cheveux qui semble porter tellement d’espoir. Juste une mèche de cheveux de la révolte qui gronde pour toutes celles qui en ce moment, par leur combat, sont en train de déclencher une révolution qui pourra peut être changer les droits des femmes et pourquoi pas la face du monde.
Véronique Mégnin bénévole à la Frat’Aire, Fraternité Mission Populaire de l’Aire Urbaine (Pays de Montbéliard)