Le phénomène n’est pas nouveau, mais semble se pérenniser dans le paysage politique des états à majorité ou de culture chrétienne. A l’heure du pluralisme et de la sécularisation, serait-ce le dernier soubresaut d’une chrétienté dominante ? Pourquoi ce nationalisme chrétien - soit la fusion de l’identité des chrétiens et des citoyens, de sorte qu’être un « vrai » citoyen, c’est être chrétien - séduit ? Quels sont les risques d’une telle idéologie ?

Enjeux

Le nationalisme chrétien est toujours un problème brûlant avec lequel les évangéliques se débattent aujourd’hui, déclarait le secrétaire général de l’Alliance évangélique mondiale Thomas Schirrmacher lors de son discours inaugural en février 2021. Il soulignait alors que l’AEM en 1846 était «le tout premier grand corps religieux à se prononcer pour la liberté religieuse». Avant de poursuivre: «Et cela signifiait se prononcer contre les Eglises d’Etat et contre le nationalisme chrétien.»

S’il semble séduire de nombreux chrétiens américains et même ailleurs, selon des enquêtes de New York Times, de CNN et du New Yorker parues cet été, comment définir ce nationalisme chrétien? «Le nationalisme chrétien identifie la nation avec la volonté et l’action de Dieu dans le monde; confond l’identité nationale et l’identité chrétienne et confond le service rendu à la nation avec le service rendu à Dieu», propose l’historien méthodiste David W. Scott. «Le nationalisme chrétien fournit une caution morale aux […]