La semaine dernière les enquêteurs de l’ONU – organisation qui regroupe presque tous les États de la planète – ont publié les résultats d’une commission d’enquête qui relevait un « nombre considérable » de crimes de guerre dans les semaines qui ont suivi l’invasion russe dans quatre régions ukrainiennes. Ils affirment avoir les preuves d’actes de torture, y compris sur des enfants, de mauvais traitements, d’assassinats et de violences sexuelles. Les descriptions sont insoutenables.
Dans les semaines qui ont suivi le déclenchement de la guerre, j’avais écrit un éditorial intitulé « Poutine et la métaphore diabolique », qui pointait la façon dont les forces de mal imprègnent une personne ou une situation. S’il y a un moment que l’esprit du mal affectionne, c’est bien la guerre. Lorsque des humains sont dans des situations de pression, de fatigue, de peur et de danger, s’opère un décrochage moral qui les conduit à commettre des horreurs qui leur répugneraient dans une situation « normale ». Des chercheurs lui ont donné le nom d’effet Lucifer pour souligner qu’il s’agit d’une force de mal qui s’empare de la personne. Les Français peuvent se souvenir de ce qu’ils ont fait en Algérie. Plus près de nous, les Américains ont envahi l’Irak pour y apporter la démocratie et le respect de droits de l’homme, et après quelques semaines, des soldats humiliaient des détenus dans la prison d’Abou Ghraib.
La force de la prière
Quelle limite peut-on apporter à Lucifer ? D’abord une résistance spirituelle. Ceux qui ont résisté à la tentation des crimes de guerre l’ont fait au nom de convictions spirituelles. Lorsque l’on prie tous les jours : « Ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du mal », on peut croire à la force de la prière quand la tentation de mal se fait pressante.
Ensuite, mettre de la lumière. L’épître aux Colossiens parle de l’autorité des ténèbres. Une façon de combattre cette autorité est d’allumer une bougie. C’est ce que fait ce rapport. Peut-être qu’un jour les Russes revisiteront ce qu’ils ont fait en Ukraine comme les Français en Algérie et les Américains en Irak, même si ce n’est que partiellement. Il faut croire à la lumière. L’Évangile l’a promis : « Il n’y a rien de voilé qui ne doive être révélé, rien de caché qui ne doive être connu » (Mt 10, 26).