Le chef de l’État a récemment invité les représentants des différentes formations politiques et parlementaires à l’Élysée, afin de réfléchir à l’attitude commune à avoir face à l’aggravation de la situation géopolitique européenne. Si quelques désaccords se sont exprimés, en particulier sur les moyens de remédier à la tentative russo-américaine d’isoler l’Europe dans les négociations en cours, tous les participants se sont accordés sur l’exigence politique que requiert la gravité du moment. 

Tous ont compris qu’il y avait un besoin urgent de rétablir un consensus national sur ces sujets, afin de porter une parole forte et coordonnée auprès de nos alliés européens. La présentation par les plus hauts experts de la défense et du renseignement extérieur de la menace russe – tant du point de vue militaire que politique – a beaucoup impressionné les participants. La nécessité éventuelle d’un renforcement inédit de l’effort de guerre risquant de bousculer les conditions de vie de tous les Français, si l’on devait s’engager à soutenir davantage l’Ukraine dans sa lutte défensive, les a aussi légitimement inquiétés. 

Cependant la plupart ont salué ce discours de vérité et appelé les élus au Parlement à se saisir de ces enjeux afin de préparer l’opinion à la nécessité du renforcement de la sécurité européenne, y compris par l’emploi des troupes et des armes. Serons-nous capables de nous entendre face à ce défi existentiel posé par l’impérialisme renouvelé des grandes puissances ? Saurons-nous, de fait, nous préserver d’un nouveau Munich ? Face à ces périls extrêmes, notre indépendance et la sauvegarde de nos libertés sont peut-être à ce prix. Cela vaut donc largement la peine d’en débattre, sans jamais céder à la facilité des surenchères populistes et égoïstes.

Valentine Zuber, historienne, professeure d’université, pour « L’œil de Réforme »

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