Je savais pour Bruno Retailleau, je découvre pour Gabriel Attal : la laïcité est devenue un mot-écran. Un mot qui cache : « Je ne veux plus de voile, ni voir l’altérité, l’étrangeté, ni tel signe d’appartenance ». Et qui projette la vision d’une société neutralisée sur le plan confessionnel (en rappelant, la main sur le cœur, l’importance de l’héritage « judéo-chrétien » tel un totem, oubliant qu’il était catholique, humiliant le judaïsme, combattant les Lumières, le protestantisme, la loi 1905 encore aujourd’hui (!), et méprisant l’islam).
Il ne s’agit même pas ici d’une course après l’extrême droite. Il s’agit d’une sorte d’abandon républicain. Ont-ils même travaillé ce sujet avec les partenaires musulmans ? Non !
L’Observatoire de la laïcité, des intellectuels, le protestantisme – par son attachement à l’expression publique de la diversité des convictions de tous les citoyens – ont averti : l’enjeu est celui de la République. « C’est quand la République n’est plus une communauté d’images, de notes, de rêves et de volontés, que les communautarismes refoulés remontent à la surface et se vengent », disait Régis Debray. Nous y sommes.
Il est donc tard, messieurs, pour réparer ce qui a été cassé, à savoir la reconnaissance républicaine des différences dans l’espace public (comme le voile), si dérangeantes et même si contestables. Votre coercition s’ajoutera à l’humiliation. Et le pas suivant concernera la kippa, la croix (même huguenote ?).
La République doit vraiment traiter le danger islamiste et retisser un lien fort à la fois de confiance et d’autorité avec tous ses enfants, mais non pas flatter un obscur et inconscient désir de pouvoir masculiniste en faisant des lois vestimentaires, comme par hasard, juste pour les femmes.
François Clavairoly, pasteur, pour « L’œil de Réforme »