Quand on lui présente un ballon, un enfant dès son plus jeune âge donne un coup de pied dedans. Le football se joue sur tous les continents car c’est un jeu simple, il suffit d’une balle, d’une boule de chiffons, voire d’une boîte de conserve, et de quelques enfants pour qu’une partie s’engage.
Les coulisses du Mondial
Les matchs des équipes professionnelles suscitent une ferveur populaire qu’on a du mal à trouver ailleurs. On crie, on pousse, on applaudit pour encourager son équipe. Ce n’est pas un hasard si les joueurs de football sont parfois appelés les dieux du stade. Les grandes célébrations sportives ont tous les attributs d’une cérémonie religieuse et les stades sont les cathédrales de ce siècle. Ils sont un des derniers lieux dans lesquels se côtoient des riches et des pauvres, des hommes et des femmes de toutes les conditions et origines, qui chantent ensemble et qui communient à une même passion.
La Coupe du monde au Qatar avait tout pour rassembler les cinq continents dans une fête du sport, sauf que les soupçons de corruption, avec l’attribution de l’organisation de la manifestation à un pays où il n’y a aucune tradition de football, le scandale écologique des stades climatisés, les conditions de la construction de stades éphémères qui a rempli des cimetières, et la quête de respectabilité d’un pays qui méprise les droits de l’homme sont venus entacher la fête. La grande question est de savoir si l’argent peut tout acheter, y compris nos indignations.
Un boycott fort peu suivi
Ivan Illich, Jacques Ellul et bien d’autres nous ont appris qu’au-delà d’une certaine croissance quantitative s’opère une rupture qualitative. Apparaît un effet de seuil selon le slogan qui dit : « Trop d’impôt tue l’impôt, trop de passion tue l’amour, trop d’administration tue la justice et trop de religion tue la grâce. » À partir de quand peut-on dire : « Trop d’argent, trop d’injustices, trop de mépris pour les travailleurs tuent le football » ? Si on ne s’arrête pas maintenant, on ne le fera jamais et il faudra reconnaître qu’on n’est pas prêt à sacrifier un match au nom de ses principes.
Certains ont appelé au boycott, mais ils ont été peu suivis si on en croit les audiences de l’équipe de France à la télévision. Le Mondial du Qatar est un scandale humanitaire et écologique, et tout le monde s’en fiche ! Les boycotteurs sont minoritaires, mais j’aime à croire que Dieu aime les minoritaires.