La clairière du Salm, sur un plateau montagneux des Vosges, symbolise tout ce que les fermiers anabaptistes chassés du canton de Berne affectionnaient : un lieu à défricher où ils pouvaient exercer leur savoir-faire et leur ardeur à la tâche, et vivre tranquillement leur foi à l’écart des villages. Certains ont appelé l’endroit « la république des anabaptistes », tant ils y étaient entre eux. Les terres des princes de Salm étaient un territoire autonome qui s’étendait jusqu’à Senones, comptant bien des villages, jusqu’à leur annexion à la France par la Convention (1793).
Des anabaptistes sont signalés à Salm dès 1684, puis à partir de 1717. Cette communauté pratiquait le seul baptême de majeurs, refusait le port des armes et tout serment d’allégeance, pratiquait annuellement le lavement mutuel des pieds, s’attachait aux travaux de la terre et à l’élevage. Après 1860, ils furent les sujets de récits romancés, tels ceux du journaliste parisien Alfred Michiels, exaltant la sagesse, l’irénisme, les produits, la connaissance des plantes médicinales et l’accueil de responsables mennonites dits « anciens », comme Jacob Kupferschmidt […]