Si cela permet de rendre plus accessibles des formations de qualité, pour celles et ceux qui sont déjà engagés dans un ministère ou qui ont des contraintes familiales importantes, depuis 2021, de nombreuses écoles bibliques et facultés de théologie à travers le monde constatent la baisse du nombre d’étudiants inscrits en présentiel. Ce point est inquiétant. En effet, la formation à distance ne peut atteindre la qualité et la profondeur des études en présentiel. Il n’y a pas meilleure formation que celle qui consiste à consacrer quelques années de sa vie à étudier la Parole de Dieu, en dehors de chez soi, aux côtés d’autres étudiants venus d’horizons différents, en présence d’enseignants que l’on peut interrompre avec ses questions ou avec qui l’on peut discuter après le cours. Pourquoi ? Parce que c’est le modèle fourni par Jésus !
Le modèle de l’école de Jésus
Dans le contexte du Nouveau Testament, il n’existait pas d’université ou d’école supérieure semblable à ce que l’on trouve dans le monde aujourd’hui. Toutefois, il existait certaines formes d’écoles supérieures pour adultes. En Grèce antique, l’Académie et le Lycée à Athènes figurent parmi les plus célèbres. Chez les Juifs, on trouvait également des sortes d’écoles où étaient formés les experts de la Torah, des formations qui seront nommées plus tard « école rabbinique ». Ces écoles se constituaient généralement autour d’un « maître », rav en hébreu – d’où le terme « rabbi ». Ainsi, en Actes 22.3, Paul déclare qu’il a été éduqué « aux pieds de Gamaliel », un célèbre « maître de la Loi » de l’époque (cf. Ac 5.34).
Dans ce contexte, il est intéressant de noter que les Évangiles présentent Jésus comme ayant également constitué une sorte d’école supérieure pour jeunes adultes. Jésus est très souvent appelé « maître/enseignant » (voir, par exemple, Mt 8.19 ; 22.16, 24, 36 ; Mc 4.38 ; 9.17, 38 ; Lc 10.25 ; 11.45 ; Jn 3.2 ; 8.4 ; 13.13-14.), voire « Rabbi » (voir Mt 26.25, 49 ; Mc 9.5 ; 11.21 ; 14.45 ; Jn 1.38, 49 ; 3.2 ; 4.31 ; 6.25 ; 9.2 ; 11.8.) et ceux qui le suivent sont appelés « disciples (mathètaï) », c’est-à-dire, littéralement, des « apprenants », des « étudiants ». Ainsi, le groupe de disciples formé autour de Jésus correspond assez bien aux écoles supérieures de l’époque. Appelons-le l’ISTJ (Institut Supérieur de Théologie de Jésus).
Bien entendu, la formation à l’ISTJ avait une dimension pratique puisque les disciples accompagnaient Jésus dans sa mission et qu’ils étaient même envoyés faire des stages pratiques. Par exemple, en Marc 6, Jésus envoie ses disciples en mission (v. 7-13) puis ils reviennent « débriefer » avec Jésus (v. 30-31). Cela dit, étant donné la part importante de l’enseignement dans le ministère de Jésus, il est évident que l’enseignement biblique et théologique occupait une place fondamentale dans les études à l’ISTJ. Même si la formation impliquait bon nombre de déplacements à travers la Galilée, la Judée et la Samarie, il semble que l’ISTJ possédait un camp de base à Capharnaüm, un lieu que les évangiles de Matthieu et de Marc désignent comme « la maison » (voir Mt 9.9-10, 28 ; 13.1, 36 ; 17.24-25 ; Mc 2.1, 15 ; 3.20 ; 7.17 ; 9.28, 33.). Or, à plusieurs reprises, les textes montrent que Jésus va prendre le temps pour échanger et former ses disciples de façon spéciale, à l’écart de la foule, une fois que toute la classe est de retour « à la maison » (voir Marc 7.17 ; 9.28, 33).
Les textes montrent que Jésus va prendre le temps pour échanger et former ses disciples de façon spéciale, à l’écart de la foule, une fois que toute la classe est de retour « à la maison ».
Timothée Minard
Ainsi, Jésus a cru nécessaire de former ses disciples deux à trois ans à l’ISTJ avant de les laisser entrer pleinement dans leur ministère. On notera qu’il s’agissait d’une formation à temps […]