Lundi 9 octobre, le prix Nobel d’économie a été décerné à Claudia Goldin. Cette Américaine de 77 ans, déjà favorite en 2022, est professeure à Harvard et spécialiste du travail et de l’histoire économique. Le prix récompense ses travaux sur la place des femmes sur le marché de l’emploi.
Claudia Goldin a passé sa carrière à mettre en évidence « les principaux facteurs de différence entre les hommes et les femmes », explique le jury, et la façon dont ils ont évolué lors des deux derniers siècles. Elle a étudié la nature des revenus, les contraintes domestiques et les attentes des femmes, et a expliqué que les jeunes femmes n’ont intégré que récemment la possibilité d’une carrière longue et active.
Pour La Tribune, cette nomination de l’Académie suédoise envoie un message politique fort sur la considération de la place des femmes dans l’économie. S’agirait-il aussi d’une volonté de représenter davantage les femmes parmi les lauréats du prix Nobel ?
6,3 % de lauréates
La récompense, de portée internationale, fête en 2023 son 120e anniversaire. Elle salue des travaux dans des domaines variés : chimie, physique, économie, littérature… Pourtant, si l’on se penche sur une étude du portail allemand Statista, on constate que l’Académie Nobel compte seulement 6,3 % de lauréates entre 1901 et 2022. Cette proportion tombe même à 2 % dans le domaine des sciences.
Parmi la soixantaine de femmes primées, le prix Nobel de la paix est celui qui est le plus attribué. Bertha von Suttner a été la première à remporter la récompense mondiale en 1905, et en a même inspiré la création, après avoir été secrétaire d’Alfred Nobel, l’inventeur de la dynamite. Cette écrivaine s’est consacrée à promouvoir le pacifisme tout au long de son œuvre littéraire.
En 2023, la militante Narges Mohammadi a reçu le prix Nobel de la paix pour son combat pour les droits de l’homme en Iran. Incarcérée pendant le mouvement de protestation contre le régime des ayatollahs, elle incarne la voix des Iraniens en colère, a estimé le jury de l’Académie.
Des progrès récents
Narges Mohammadi et Claudia Goldin font partie des quatre femmes à avoir décroché un prix Nobel pour ce cru 2023, avec Anne L’Huillier en physique et Katalin Kariko en médecine. Les lauréates représentent 36 % des récipiendaires du Nobel cette année : un record de féminisation dans l’histoire du prix, comme le relève Le Progrès. Claudia Goldin devient aussi la première femme à obtenir seule un prix d’économie, sans co-lauréat.
Le Progrès souligne que la proportion des femmes est en hausse depuis les dernières décennies. Entre 1947 et 1966, l’Académie n’a récompensé aucune femme. Depuis le début des années 2020, en revanche, la proportion a bondi de 23,4 %. Les femmes commencent tout juste à décrocher des prix traditionnellement attribués à des hommes, en physique, en économie et en médecine.
Parmi les lauréates les plus connues, Marie Curie a décroché le Nobel en 1903 pour ses recherches sur les radiations. À la question d’un journaliste qui lui demandait ce que cela faisait « d’épouser un génie », elle a rétorqué : « Vous n’avez qu’à demander à mon mari. »