Ces derniers temps, je me prends à lire et relire particulièrement les psaumes, pour voir comment ils résonnent dans mon vécu d’être humain d’aujourd’hui, dans ma foi.

Et souvent, je me prends à imaginer : si je devais écrire moi-même un psaume, qu’est- ce que j’aurais envie d’écrire ? Quelles idées mettre en avant ? Par quoi commencer ?

En cela, il y en a un qui regorge de simplicité et que je trouve pourtant admirable : c’est le premier psaume. Rien que par son premier mot, « heureux », qui évoque les béatitudes,  et se pose comme  une quête de bonheur, dont nous avons bien besoin. Pour le psalmiste, le chemin  du bien-être  passe ainsi  par deux  étapes : d’abord s’abstenir du mauvais, refuser de s’engager sur des voies qui font du mal ; ensuite, le plus important,  s’attacher  au bien, que l’on trouve  dans la Loi de Dieu, son enseignement.  Non pas s’y attacher  comme un devoir, une corvée ou une obligation, mais comme « un plaisir ». La fréquentation des Écritures devient alors l’objet  d’une quête sans fin, où nous sommes appelés à y trouver un plaisir renouvelé. Un peu comme une relation vivante avec un texte qui nourrit, qui parle, qui transforme, et qui apporte  une joie nouvelle, car derrière ce texte  se cache l’Esprit de celui qui provoque toujours du nouveau dans nos vies.

Peut-être trouverez-vous que les mots du psaume premier sonnent un peu simplistes, moralisateurs, derrière cette dichotomie  entre le bon et le mauvais. Vous n’auriez sans doute  pas tort. Néanmoins, son auteur ne cherche pas tant à décrire une réalité qu’à dresser un idéal. Bien sûr, il y a tout un monde de nuances entre la « paille qui vole au vent » et « l’arbre majestueux »… Reste néanmoins cette aspiration, qui propose une orientation  de vie, toujours reçue dans le don et dans la grâce, qui se dirige toujours vers ce premier mot dont nous avons tant besoin : Heureux !

Je crois que ce n’est pas un hasard si c’est ce mot  qui ouvre les Psaumes. Il fonctionne comme un portail pour tout le reste du livre, comme un rappel. Même lorsque nos propres psaumes et nos prières se feront  plainte, même lorsque nous explorerons avec authenticité toute notre colère, notre détresse, nos profondeurs, restera toujours cette orientation fondamentale d’une foi qui se tourne vers la promesse divine. Un élan qui, même lorsqu’il est caché tout au fond de notre être, laisse toujours passer comme un murmure : Heureux !