Nous allons bientôt faire mémoire du triste jour où la Russie a commencé son attaque contre l’Ukraine. Nous avons répété à plusieurs reprises que bibliquement la guerre relève du diabolique, d’une puissance de mal qui impose sa logique et sa nécessité. Depuis un an, le conflit convoque des armements de plus en plus sophistiqués et multiplie les victimes. Il faudrait être poète pour dire les ravages de la guerre. Le prophète Nahum raconte : « Assaut des chars, flamboiement d’épée, éclairs de lance : multitude de victimes ! une masse de cadavres ! des morts à l’infini ! On trébuche sur les morts… » (Na 3, 3). En tournée en Europe la semaine dernière, le président Volodymyr Zelensky n’a cessé de marteler que la guerre défensive que mène son pays est celle de la démocratie contre la dictature.
La guerre en Ukraine nous faisait oublier la situation en Syrie, et voilà qu’un tremblement de terre nous rappelle que l’histoire est une véritable tragédie lorsque le sort s’acharne sur une population déjà affaiblie. En Turquie, le président Recep Tayyip Erdogan essaye de rassurer sa population en faisant arrêter quelques promoteurs n’ayant pas respecté les normes antisismiques, mais l’opposition fait remarquer que personne ne respecte ces normes et que la corruption gangrène le pays. La démocratie, ce n’est pas que des élections, c’est aussi une presse libre, une justice indépendante et un minimum d’intégrité dans les relations commerciales.
Le Parlement face à la rue
Pendant que l’histoire nous rappelle l’importance et la fragilité des démocraties, certains voudraient nous faire croire que, dans notre pays, le pouvoir devrait obéir à la rue. S’il l’avait fait il y a dix ans, jamais le mariage entre couples de même sexe n’aurait été institué. Alors rappelons qu’en démocratie, c’est le Parlement qui vote les lois et que si la majorité de la population est opposée à une décision, elle aura la possibilité de l’exprimer lors des prochaines échéances électorales. Le jour où la Nupes ou le Rassemblement national seront majoritaires à l’Assemblée, ils pourront changer la loi, mais pour l’instant ils sont encore minoritaires. Il est bon de pouvoir manifester pour exprimer son opinion – ce droit n’est pas si répandu dans le monde –, mais en dernière instance, ce n’est pas la rue, mais les élus qui décident des lois qui sont bonnes pour le pays.