La crise que nous traversons depuis la mort de Nahel est une crise collective de notre société. Il nous faut analyser la situation, au-delà des émotions. Celles-ci sont partagées entre le recueillement après une tragédie et l’énervement devant les pillages opportunistes et les autres violences. Jamais nous ne pourrons légitimer l’agression d’un maire, ou la volonté de détruire des bâtiments de service public, encore moins la volonté claire de tuer des policiers. Aucune colère ne justifie cela.
Dans notre vie politique française, depuis des décennies, nous avons opposé deux notions : l’ordre et la justice. Un camp défendait l’ordre, l’autre la justice. Toutefois, ne nous sommes-nous pas égarés collectivement en les opposant ? On peut certes mettre l’accent sur l’un ou l’autre de ces concepts. Mais les opposer, au prétexte d’une élection politique, est une grave impasse que nous avons empruntée. Peut-on concevoir une justice, juridique et sociale, sans ordre ? Ce serait une forme d’anarchie et de retour à une violence généralisée. Peut-on concevoir un ordre de la société qui ne rende pas justice à chaque personne, quelle que soit son […]